Édito

Réponse perverse à la crise du logement

Réponse perverse à la crise du logement
EMMANUELLE FOURNIER-LORENTZ/IMAGE D'ILLUSTRATION
Logements

La force de l’habitude rend peut-être la réalité du mal-logement moins perceptible. Et pourtant. Avec 0,5% seulement de logements vacants dans le canton de Genève, 7300 dossiers sur liste d’attente pour un logement social, lequel n’est obtenu en moyenne que trois ans après l’inscription, des milliers de foyers luttent sur le marché de l’immobilier.

Des familles aux revenus modestes se contentent de deux-pièces minuscules. D’autres s’en remettent à la sous-location, parfois abusive. Souvent, le mal-logement s’accompagne malgré tout d’une facture salée, parfois largement plus de 30% du revenu. L’exiguïté fait alors chambre commune avec la précarité. Pour sortir de cette spirale, beaucoup comptent sur l’obtention à moyen terme d’un logement social.

A Genève, il faut déjà pour y prétendre être prêt·e à s’armer de patience, mais aussi payer ses impôts dans le canton et pouvoir attester de deux ans de résidence dans les cinq dernières années. Le MCG et la droite voudraient voir cette clause allongée à quatre ans continus au cours des huit dernières années, objet sur lequel les Genevois·es sont appelé·es à voter le 13 février.

En renforçant le poids de l’ancienneté sur le territoire, on amoindrirait les critères de priorité prévalant aujourd’hui et qui prennent notamment en compte la situation personnelle économique et familiale, mais aussi les conditions de (mal-)logement antérieures.

Cette modification légale dresse une partie de la population précaire contre une autre, sans s’attaquer au cœur du problème: le manque chronique de logements à prix abordables sur le territoire. Encore une politique d’exclusion qui ne dit pas son nom et qui prétend lutter contre un ‘appel d’air’ en valorisant ‘l’attachement au canton’.

Il faudrait pourtant être fou ou folle pour venir s’installer à Genève par appât d’un très hypothétique logement bon marché, dans l’une des villes les plus chères du monde.

La réalité sociologique montre que l’attachement géographique est une affaire de classe travailleuse. Et à défaut de pouvoir s’exiler, celles et ceux que la nouvelle loi repousserait deux ans de plus en périphérie du logement social risquent surtout de s’enfoncer dans la précarité. Avant de revenir allonger la liste d’attente.

Opinions Édito Maude Jaquet Logements Votation cantonale genevoise

Dossier Complet

Votations cantonales genevoises du 13 février 2022

lundi 31 janvier 2022
La population genevoise est appelée à s'exprimer sur les conditions d'accès aux logements sociaux ainsi que sur le développement et l'exploitation des réseaux thermiques.

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