Un petit non à la loi sur la chasse
Le dernier sondage de la SSR avait vu juste. C’est avec un «petit non», à 51,93%, que la population suisse a rejeté hier la loi sur la chasse qui prévoyait notamment des tirs préventifs pour réguler la population croissante des loups. Les villes ont fait pencher la balance du côté des opposants, tandis que les cantons alpins votaient en faveur du texte. La participation s’est élevée à 59,27%.
«Tout l’après-midi, j’ai eu peur que la loi ne soit acceptée. C’est donc un soulagement qu’elle ait été rejetée», réagit Ursula Schneider Schüttel, conseillère nationale (ps, FR) et présidente de Pro Natura. «Cela montre que la population souhaite renforcer la biodiversité et la protection des animaux sauvages.»
Fossé villes-montagne
Pour le conseiller national Franz Ruppen (udc, VS), la déception est grande. «Je me suis beaucoup investi en commission pour cette loi. Ce que je crains, c’est que beaucoup de bergers ne renoncent à emmener leurs moutons dans les alpages, car il n’est pas toujours possible de les protéger contre le loup.» Pour l’élu valaisan, il serait souhaitable que le Conseil fédéral adopte une ordonnance facilitant le tir du prédateur, dont «la population double tous les deux ou trois ans».
Pascal Pittet, président de Diana romande, la société des chasseurs romands, est lui aussi déçu. «Le fossé se creuse entre villes et régions de montagnes et cela m’inquiète. Les défenseurs de la nature ne connaissent pas bien la réalité du terrain», tacle-t-il. «Il sera nécessaire de trouver des solutions pour contrôler la croissance exponentielle du loup. La loi aurait permis de réguler sa population, chose qu’il faudra bien faire», estime-t-il.
Dans un communiqué, la société des chasseurs déplore que le parlement doive reprendre le dossier à zéro. «En attendant une nouvelle loi satisfaisante pour tous, les agriculteurs de montagne se retrouvent démunis face à l’augmentation du nombre des grands prédateurs.»
Un nouveau compromis?
Le résultat serré pourrait cependant inciter au compromis. «Nous reconnaissons le besoin d’actions en faveur des éleveurs de moutons», déclare ainsi Christophe Clivaz, conseiller national (verts, VS) et membre du comité du non à la loi sur la chasse. «Nous allons remettre en route le processus parlementaire afin de proposer des solutions qui permettent une meilleure cohabitation entre prédateurs et troupeaux.»
Le comité annonce en effet le dépôt d’une initiative parlementaire lors de la session d’hiver 2020. Selon lui, l’objectif est de «renforcer l’équilibre entre la protection, la chasse et la régulation». Ce compromis pourrait passer par un soutien accru en faveur des éleveurs de moutons, comprenant formations et subsides, imagine Christophe Clivaz. Le but: mieux protéger les troupeaux. «Désormais, la voie est libre pour mettre sur pied un système d’indemnisation, tout en gardant à l’esprit que le risque zéro n’existe pas.»
«Nous voulons tendre la main aux partisans de la loi sur la chasse et trouver un nouveau compromis», conclut Ursula Schneider Schüttel.