Édito

Ceci n’est pas un Édito sur le loup

Ceci n’est pas un Édito sur le loup
Le loup fait couler beaucoup d’encre alors qu’on n’en compte que 80 individus en Suisse. KEYSTONE
Loi sur la chasse

La figure du loup, qu’on le préfère rôdant librement dans les bois ou empaillé en trophée de chasse, tient une place de choix dans la révision de la loi sur la chasse. Et pourtant… Le texte soumis au référendum le 27 septembre déploiera des effets directs avant tout sur d’autres espèces: lièvres, tétras-lyres, lagopèdes alpins, canards sauvages et autres oiseaux ou sangliers. Le loup fait couler beaucoup d’encre alors qu’on n’en compte que 80 individus en Suisse. Un chiffre en augmentation depuis vingt-cinq ans tandis que les dégâts sur les troupeaux restent stables. Et que la plupart des attaques touchent des bêtes sans protection, preuve que la prévention fonctionne. Elle améliore même le traitement des troupeaux.

Rappelant qu’on assiste à la sixième extinction de masse des espèces, des biologistes suisses ont lancé l’alerte dans une lettre ouverte: cette nouvelle loi est par trop floue et des espèces vulnérables figureront toujours parmi les chassables. Si les biologistes y sont défavorables, qui soutient cette révision? Les chasseurs? Pas tous. Un comité rassemble 120 d’entre eux – et elles – pour appeler au statu quo et que soit reconnu le rôle des grands prédateurs dans la chaîne de notre écosystème.

Le vote du 27 n’est pas pour ou contre la chasse, pas plus qu’il ne se limite au loup. Il n’est pas celui des citadins contre les montagnards. Il oppose celles et ceux appelant à un équilibre plus naturel à d’autres qui n’ont que le terme «réguler» à la bouche. Cet hybris, tentation de dominer le vivant en toutes circonstances, demeure tristement humain. Voilà donc la question à se poser avant le 27. Et les montagnes ont leur carte à jouer, qui garantirait les pratiques de chasse actuelles sans mettre la biodiversité en péril. Entre un non assurant le statu quo et une loi qui laissera la place à l’arbitraire.

Les yeux se braquent forcément sur le Valais, où une étude de l’université de Berne a démontré que le lynx est braconné et où un ancien conseiller d’Etat a été condamné pour avoir autorisé des tirs illégaux de loup. Charger les cantons de déterminer quels individus peuvent être abattus ne présage rien de bon dans ces conditions. Villes et montagnes, unies pour la protection de leur biodiversité, ont le droit de rêver ensemble à un meilleur cadre légal. Il reste une semaine pour en donner le signal.

Opinions Édito Laura Drompt Loi sur la chasse

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