Édito

Un jour superflu?

un jour superflu?
Des milliers de femmes ont manifesté pour décriminaliser l'avortement le 19 février dernier à Buenos Aires. KEYSTONE
8 mars

Dimanche, la Journée internationale des droits des femmes fera du bruit! Puissant trouble-fête, le coronavirus n’aura pas suffi à corseter l’énergie féministe qui bout depuis longtemps, déjà manifestée avec force le 14 juin dernier en Suisse. La mobilisation sera décentralisée, spontanée, créative, bruyante. Chargée de toutes les raisons individuelles de continuer la lutte contre les discriminations sexistes, mais aussi transphobes, homophobes ou racistes.

Et elles sont nombreuses: en 2020, le patriarcat continue à diviser, à hiérarchiser et à exploiter, lui si étroitement lié au système capitaliste qui fait main basse sur les corps et les âmes.

Chaque année, les femmes descendent dans la rue le 8 mars pour réclamer l’évidence: leurs droits. Cette date emblématique sera-t-elle un jour abolie car devenue superflue? Les progrès actuels permettent d’en douter. En 1995, les Etats membres des Nations unies (ONU) prenaient de grands engagements destinés à faire avancer l’égalité entre hommes et femmes. Vingt-cinq ans plus tard, le plus gros reste à faire.

Le bilan, glaçant, est celui d’ONU Femmes. Tandis que la scolarisation des filles progressait et que la mortalité maternelle diminuait, la participation des femmes au marché du travail a stagné, comme le niveau de violence qui les frappe. La législation s’est souvent améliorée en matière de droits sexuels et reproductifs, mais ceux-ci restent inappliqués. Selon sa directrice, malgré la pression de plus en plus nette de la société civile, la réponse des Etats s’est même durcie.

Les Argentines le savent bien: en juin 2018, la Chambre des députés avait approuvé la légalisation de l’interruption de grossesse jusqu’à la quatorzième semaine. Le Sénat l’avait rejetée quelques semaines plus tard. Lundi 9 mars, elles redescendront donc dans la rue pour tenter d’arracher ce droit toujours nié dans de nombreux pays. «Parce que notre corps, notre temps et nos vies nous appartiennent»: ce slogan qui mobilise dimanche les Suissesses fait écho à tous ceux qui résonneront en même temps à travers la planète.

C’est aussi pour cette raison que la Marche mondiale des femmes lancera dimanche sa cinquième action planétaire. Dans le vacarme escompté dimanche, on entendra distinctement résonner leur historique cri de ralliement: «So-So-Solidarité, avec les femmes, du monde entier! So-So-­Solidarité…»

Opinions Édito Le Courrier 8 mars Journée des femmes

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