Cette année plus encore que d’autres, une cible réunira les collectifs nationaux de la Grève féministe: la montée des masculinismes et les menaces que fait peser l’extrême-droite mondiale sur les droits acquis. Ces enjeux seront au cœur de la mobilisation du 14 juin qui invite à prendre la rue.

Ce mouvement lancé en 2019, quels sont ses contours, son organisation, ses élans et ses exigences? Nos entretiens ¹> Notre dossier du 14 juin 2025 dressent le portrait d’une Grève dynamique, accueillante et visionnaire, qui revendique sa radicalité comme une évidence au nom du continuum entre capitalisme, racisme et colonisation. Et qui démontre par des actes concrets la puissance de ses convictions féministes.

Parmi les avancées obtenues lors de la précédente législature, encore teintée de violet, il faut mentionner la ligne d’urgence accessible 24H/24H pour les victimes de violences, annoncée pour mai 2026. Ou encore la révision de l’article sur le viol, entrée en vigueur en juillet 2024, qui ancre la notion de consentement explicite et tient compte des états de sidération de la victime. Depuis, la flamme violette a pâli sous la Coupole et les parlementaires de gauche peinent davantage à obtenir des majorités sur des enjeux féministes.

Toutes les personnes interrogées ont aussi dit leur effroi devant les violences à l’encontre des femmes et des minorités de genre et en particulier devant le chiffre alarmant des féminicides en Suisse – au moins 14 à fin mai 2025, contre 19 pour toute l’année 2024. L’année dernière, les centres d’aide aux victimes ont aussi enregistré 51 547 consultations à la suite d’une infraction à l’intégrité corporelle, psychique ou sexuelle, un chiffre en hausse par rapport à 2023. Près de trois quarts des victimes ou de leurs proches étaient des femmes.

Pour les militantes, l’urgence reste donc entière. Samedi, elles seront au rendez-vous à n’en pas douter et les rues seront violettes. Malgré la gravité de la manifestation, gageons que l’énergie et la joie militante seront explosives, de celles dont on fait du carburant pour longtemps.