Édito

14 juin, un mouvement de fond

14 juin, un mouvement de fond
A Genève, la Grève féministe du 14 juin 2019 a suscité un élan fédérateur sur la plaine de Plainpalais et partout dans la ville. JEAN-PATRICK DI SILVESTRO
Grève féministe

Dans un peu plus d’une semaine, les femmes redescendront dans la rue, réitérant la mobilisation lancée en 1991 et renouvelée en 2019 avec le succès que l’on sait. Les raisons ne manquent (toujours) pas: citons la baisse prévue des pensions de retraite, les violences sexuelles et domestiques (fin mai, huit féminicides avaient déjà endeuillé la Suisse) ou l’inégalité de salaire persistante, tout cela sur fond de récente augmentation de l’âge de la retraite des femmes au nom d’une «égalité» de façade bien difficile à démontrer.

>Lire aussi notre article: La grève violette est prête à déferler

Plus discrets qu’il y a quatre ans, les préparatifs sont en train d’aboutir. La mobilisation sera-t-elle aussi importante qu’en 2019 avec sa participation record de plusieurs centaines de milliers de femmes? La question alimente déjà les comparaisons, parfois vaguement goguenardes. Une chose est sûre: on aurait tort de mesurer le succès de la démarche aux seuls chiffres du 14 juin prochain. D’une part, parce qu’une pandémie est passée par là, gelant les activités associatives ou syndicales, fragilisant les travailleurs et travailleuses. D’autre part, parce qu’en quatre ans, un véritable mouvement social a vu le jour, né de la Grève féministe de 2019.

Les différents collectifs cantonaux ont en effet su se constituer en mouvement pérenne et autonome, capable à la fois de porter des revendications sur le long terme et de mobiliser les plus jeunes générations, par un mode d’action énergique autant que bienveillant et des thématiques qui dépassent les revendications liées au seul monde du travail. Quelle que soit la mobilisation du 14 à venir, cette transformation-là du paysage féministe suisse est durable. Et l’impact de 2019 a aussi renforcé le sentiment de légitimité à refuser plus longtemps les inégalités.

Parmi les revendications qui progressent, le droit à un taux d’activité minimum. Si la Suisse est championne du temps de partiel avec les Pays-Bas, ce n’est pas –  comme une polémique alémanique récente l’a soutenu  – parce que les femmes ne veulent pas travailler davantage mais parce que la conciliation vie privée-vie professionnelle reste très difficile. En cause, la durée du travail (la moyenne hebdomadaire suisse est de 42h44), la flexibilité exigée, le manque de places d’accueils des enfants et le prix de celles-ci.

Une autre question détourne parfois des revendications elles-mêmes: faut-il vraiment parler d’une grève ou le terme est-il usurpé? Certaines revendications relèvent de la grève politique. D’autres ont trait aux conditions de travail, comme l’a par exemple reconnu l’office de conciliation et d’arbitrage vaudois, ce qui ouvre le droit à la grève. Le nom qu’on lui donne importe peu: la mobilisation aura bien lieu.

Opinions Édito Dominique Hartmann Grève féministe

Autour de l'article

Dossier Complet

La grève féministe du 14 juin 2023

lundi 15 mai 2023
Une nouvelle vague violette se prépare à submerger la Suisse, quatre ans après la manifestation qui avait vu 500'000 personnes descendre dans la rue pour revendiquer l’égalité entre les sexes.

Connexion