Samedi, les loups sont entrés dans Paris. Un bon millier de nazillons et de nazillonnes ont défilé – masqué·es pour la plupart – au son de deux tambours lancinants, à l’image des cortèges des jeunesses hitlériennes. Le tout pour prétendument commémorer la mort d’un «martyr» d’extrême droite, Sébastien Deyzieu, tombé d’un toit en 1994 en tentant d’échapper à la police.

Initialement, la manifestation avait été interdite par la Préfecture. Mais la décision a été cassée par le Tribunal administratif de Paris. Soit. Ce n’est sans doute pas à coups d’interdictions que l’on se débarrassera de ces nervis de l’ultra-droite. Mais on peut tout de même juger discutable la décision de justice au vu du danger représenté par ces fascistes.

Mais le plus inquiétant est sans doute ailleurs. Dans la complaisance et le rapprochement de la droite classique avec ces négateurs de la démocratie. A l’image d’un Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, qui envoie des signaux de connivence à la galaxie des groupuscules qui pullulent à la droite du Rassemblement national et pour qui l’Etat de droit n’est «ni intangible ni sacré». Ou d’un Manuel Valls qui voit une forme de complicité avec le Hamas dans le travail d’aide à la population palestinienne fourni par exemple par l’Unrwa.

Cette complaisance face à l’extrême droite se double d’une criminalisation des forces progressistes – la dissolution de la Jeune garde antifasciste et du Collectif Urgence Palestine a été demandée – et ne laisse pas d’inquiéter quant à la capacité des forces politiques au pouvoir à défendre la démocratie. Dans une interview datant de 2021, l’économiste et philosophe Frédéric Lordon postulait déjà qu’en cas de face-à-face Mélenchon-Le Pen, le Front républicain pourrait bien se retourner contre le premier au profit de la seconde.

Absurde? On n’en est plus si loin.