Le 14 juin, les femmes manifesteront à Genève pour protester contre les inégalités salariales, entre autres. A la naissance d’un enfant, ce sont majoritairement les mères qui diminuent leur temps de travail ou interrompent leur carrière, avec pour conséquence la péjoration de leur retraite, ce qui est très injuste. Une revendication aura sa place ce 14 juin: «oui» à un congé parental, car il diminue le risque de discriminations pour les femmes sur le marché du travail.

Après avoir récolté plus de 11 000 signatures, le projet d’un congé parental de 24 semaines est proposé aux Genevois·es lors des votations du 18 juin prochain. Cette nouvelle devrait réjouir toutes celles et ceux qui luttent sans relâche pour une véritable égalité de fait entre les hommes et les femmes. Le chemin pour y parvenir est malheureusement encore long. En effet, aussi surprenant et décevant que cela puisse paraître, la gauche est aux abonnés absents; pire, elle se positionne contre ce projet. Les arguments peinent à convaincre et pourraient presque donner le sentiment que, par principe, lorsque la paternité des avancées sociales ne lui est pas attribuée, elles doivent être combattues.

Les premières semaines de l’enfant sont très importantes, notamment pour son développement cognitif et émotionnel. Aucune raison ne justifie aujourd’hui l’absence d’un des parents durant ces moments inestimables. Non seulement ce congé est bénéfique pour l’enfant, mais il permet également – et cet aspect est non négligeable – d’accorder au père la possibilité d’être présent plus longtemps à la naissance de son enfant. Ce dernier n’est pas le seul à tirer grand avantage de la présence de l’autre parent: la mère aussi se retrouve mieux épaulée face à cette nouvelle phase familiale et émotionnelle, ce qui lui permet de pouvoir retourner avec plus de sérénité à sa vie professionnelle.

Permettons ainsi à chaque parent, et particulièrement aux mères, de pouvoir mieux concilier leur vie professionnelle et leur vie familiale. Il ne devrait pas y avoir à faire de choix entre les deux et l’introduction d’un congé parental est le meilleur moyen d’accéder à un équilibre adéquat. En outre, ce congé ne concerne pas uniquement les couples hétérosexuels, mais également les couples homosexuels, les familles adoptives et les familles d’accueil. Il n’y a en effet à ce jour aucun réel congé prévu pour ces familles, sauf un congé parental de deux semaines pour les couples adoptifs, ce qui est déjà mieux que rien, mais n’est de loin pas suffisant au regard du chamboulement que représente l’adoption, que ce soit pour les parents ou l’enfant. Ce congé, c’est donc aussi et enfin l’occasion de soutenir une plus grande inclusion des divers schémas familiaux que l’on retrouve au sein de la société.

Contrairement aux affirmations erronées des opposants, ce projet de congé parental ne met absolument pas en danger le congé maternité de 16 semaines dont bénéficient les Genevoises. Il n’exclut pas non plus les personnes indépendantes. Son financement sera garantit par une cotisation paritaire modeste. Malgré l’absence d’effet contraignant, il est peu probable qu’un employeur refuse un congé intégralement financé et flexible dans sa mise en œuvre. Ce n’est pas un hasard si ce projet de congé parental est soutenu par des associations faîtières d’entreprises. Pour toutes ces raisons, votons «oui» à un congé parental maintenant, car le progrès social passe avant tout par des compromis, afin de faire avancer les choses et ne pas rester sur un statu quo indigne de notre canton.