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Pas de changement de cap pour le quai des Bergues

«Il n’y a pas eu de revirement par rapport au projet initial.» Membre de Mobilité piétonne-Genève, Marco Ziegler réagit à l’article de Francesco Auciello, «Un quai des Bergues quasi piétonnisé?», paru dans Le Courrier du 3 janvier.
Genève

En tant que membre actif de l’association Mobilité piétonne, groupe régional de Genève, j’ai pris connaissance avec un vif intérêt l’article de Francesco Auciello. C’est à juste titre que son fil conducteur met en évidence le fait que l’aménagement actuel du quai des Bergues ne constitue qu’une étape intermédiaire dans un processus de longue haleine, lequel a commencé de fait il y a plus d’une dizaine d’années.

Comme le rappelait en effet la demande de crédit déposée par le Conseil administratif de la Ville de Genève en janvier 2015 (PR-1114), c’est dès 2008 que «la Ville et l’Etat de Genève ont étudié de nouveaux schémas de circulation portant sur l’ensemble du secteur historique de Saint-Gervais, dont l’objectif était de détourner le trafic de transit qui congestionne les rues étroites du quartier et provoque des problèmes de sécurité et de pollution». Cet objectif a bien entendu reçu le soutien des habitants du quartier et des associations de promotion de la mobilité douce.

Si l’aménagement souhaité à terme est donc bien la généralisation de la priorité piétonne dans l’ensemble du secteur – telle que réclamée en particulier par la prochaine action du collectif d’habitant-e-s pour la mobilité à St-Gervais –, il est inexact d’écrire que pour le quai des Bergues «l’interdiction totale du trafic motorisé était d’ailleurs prévue pour 2019, à la fin des travaux (…)». Le vote du crédit d’aménagement par le Conseil municipal le 28 octobre 2015 ne portait en effet que sur une étape plus limitée, comme rappelé par Rémy Pagani.

Cela résulte clairement de la PR-1114, laquelle précisait (en page 7) le régime de circulation prévu à l’issue du réaménagement: suppression du transit depuis la place Bel-Air; zone de rencontre dans la partie centrale du quai. En commission, le magistrat expliqua aux conseillers municipaux qu’il s’agissait d’une solution négociée avec les commerçants, de manière à éviter les recours et permettre une réalisation aussi rapide que possible des travaux. Il convient d’ajouter qu’en zone de rencontre, les piétons sont prioritaires (art. 22b OSR), de sorte que l’objectif de création d’une zone à priorité piétonne n’était pas remis en cause.

Lors de l’exécution des travaux, l’enchaînement des deux phases distinctes (de réfection du mur et de revêtement du quai) n’a cependant pu intervenir comme prévu, en raison d’un recours concernant l’aménagement de surface. Malgré les retards intervenus de ce fait, la Ville de Genève a poursuivi la réalisation du projet avec persévérance et pragmatisme, sans varier dans ses objectifs. Il est donc regrettable que la teneur de l’article ait laissé entendre qu’un revirement serait intervenu par rapport au projet initial.

Cela précisé, il est réjouissant que la fermeture du quai à la circulation automobile soit maintenant mise à l’essai, en réponse au comportement incivil de certains automobilistes, mais également pour donner suite à la demande des commerçants. L’évolution de la position de ces derniers doit certainement beaucoup à l’augmentation de la fréquentation piétonne constatée depuis la réouverture aux usagers de cet espace public de grande qualité. Il est d’autant plus satisfaisant dès lors que la Ville et l’Etat de Genève aient fait preuve de réactivité en décidant rapidement de faire évoluer le régime de circulation.

Il restera maintenant à bien gérer le risque de conflits entre piétons et vélos, car la mise en zone piétonne avec cyclistes autorisés implique pour ces derniers une prudence accrue à l’égard des piétons. Or l’expérience concrète de ces derniers mois montre qu’une partie des cyclistes ne comprennent guère que cela implique de réduire leur vitesse, et de l’adapter à la cohabitation dans un espace public dédié plus particulièrement à la promenade et à la flânerie des piétons.

En plus de l’attention qu’elle prêtera à cette question, Mobilité piétonne Genève continuera de s’engager afin d’inscrire l’aménagement du quai des Bergues dans un secteur urbain apaisé, et débarrassé du trafic automobile indu. Cela permettra de mettre en valeur les axes piétonniers majeurs reliant le secteur de Cornavin aux rues Basses et à la Vieille-Ville ainsi que de les connecter avec la promenade «Au fil du Rhône».

Marco Ziegler,
Genève.

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