Édito

Pratiques indignes

Pratiques indignes
Réfugiés et sympathisants lors d'une manifestation en octobre 2016 à Lausanne. KEYSTONE
Genève

Après les fourberies de Scapin, les manœuvres de Pierre Maudet? Une cinquantaine d’associations, de syndicats et de partis défendant une politique d’asile digne et respectueuse ont écrit au Conseil d’Etat genevois. But de la missive: attirer son attention sur des nouvelles pratiques mises en place par l’Office de la population et des migrations (OCPM).

Celles-ci obligent les requérants d’asile déboutés qui n’ont que l’aide d’urgence pour survivre à pointer dans les locaux du Service asile et rapatriement (SARA). C’est-à-dire celui-là même qui est chargé de les renvoyer!

Le risque est double. D’une part il pousse une partie de cette population dans la clandestinité. Ce qui la privera du minimum social – 10 francs par jour et des prestations en matière de logement et de santé – auxquelles elle a droit. Ce qui est déjà suffisamment choquant pour rejeter la mesure.

Ensuite, on ne peut s’empêcher de penser qu’il s’agit d’anticiper la construction du nouveau hub d’expulsion prévu en bout de piste à l’aéroport. Il est tellement commode d’avoir sous la main ceux à qui ont veut faire prendre un aller simple vers leur pays d’origine.

Une manière de faire qui va à l’encontre de la politique d’ouverture revendiquée par la ville du bout du lac. Pierre Maudet est capable de nous surprendre en bien avec des opérations comme Papyrus qui a permis de régulariser des clandestins installés à Genève parfois depuis des lustres. En revanche, aller guetter comme le chasseur la proie près du point d’eau est une indignité et ne répond à aucune nécessité.

L’exécutif cantonal serait bien inspiré de faire passer les droits fondamentaux et la dignité humaine avant la volonté de faire du chiffre qui semble présider à ce douteux durcissement.

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jeudi 22 mars 2018 Philippe Bach
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