Édito

Un monde JETable

Un monde JETable
Le salon de l'aviation privée rassemble le monde des affaires à Genève ce mardi pendant que la crise climatique s'exacerbe. Il est pourtant admis qu'un vol en jet privé est en moyenne dix fois plus polluant qu'un vol commercial, et cinquante fois plus polluant qu'un voyage en train. KEYSTONE
Crise climatique

L’aviation privée et sa cohorte de jets de luxe n’ont plus leur place dans un monde où la crise climatique est omniprésente et creuse des inégalités socio-économiques déjà galopantes. Il y a deux ans, la Fédération européenne pour le transport et l’environnement mettait en évidence dans un rapport qu’un vol en jet privé est en moyenne dix fois plus polluant, à l’échelle d’un passager, qu’un vol commercial, et 50 fois plus polluant qu’un voyage en train – alors même que ces avions sont largement utilisés pour des trajets courte distance.

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Que représenterait la suppression des jets privés en termes d’émissions de carbone? En France, le calcul avait été réalisé en septembre dernier sur la base des chiffres du Ministère de la transition écologique, dans la foulée de l’indignation populaire qu’avait notamment suscité un déplacement en avion de l’équipe de foot du Paris Saint-Germain à Nantes – destination située à deux heures en TGV. Résultat: l’aviation privée équivaut à 0,2% des émissions de carbone de l’Hexagone.

Dérisoire? Surtout révélateur que seule une infime minorité de privilégié·es peuvent se permettre cette débauche de kérosène. Voyager en jet est devenu symbole ostentatoire de puissance financière, marqueur d’une catégorie sociale d’hyper riches. Et de cela découle deux effets bien plus néfastes que le simple bilan carbone de ces vols. D’une part, ce qui est synonyme de réussite devient désirable, alors que l’espoir de l’avènement d’une société durable est à l’antithèse de ce modèle. D’autre part, ce luxe indécent démotive la grande majorité de la population à qui l’on demande de faire des efforts. Hier, en France, est entrée en vigueur l’interdiction des vols intérieurs courts là où des alternatives en train à moins de 2h30 existent. Mais qui interdira au PSG de prendre un vol privé pour se rendre à Nantes?

Certains s’y attellent. Comme l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol qui a annoncé que les jets privés n’y seraient plus les bienvenus dès 2025-2026. Et ce, car leurs nuisances en termes sonores et d’émissions de C02 sont jugées disproportionnées. On ne peut qu’appeler de nos vœux une décision similaire pour l’aéroport de Genève. Mais ici, on préfère organiser des salons de l’aviation privée pour vendre des paquebots indécents. Cherchez l’erreur.

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