On nous écrit

A Genève, mai 68 a eu lieu… en mai 68!

Georges Tissot réagit à une récente page Analyse.
Société

Stupeur à la lecture de l’article du Courrier du jeudi 27 avril indiquant que Mai 68 avait eu lieu à Genève en 1971. Oh la belle fake news!
En Suisse, Mai 68 a eu lieu en mai 68, particulièrement à Genève.

Ce qui se passait en France apparut comme une voie à suivre. Les mouvements universitaires prirent alors en Suisse une forme se rapprochant de celle de la France… tout en restant bien suisses!

Rappelons pourtant que le déclencheur des plus grandes manifestations, à Genève, ne fut pas d’emblée en lien avec l’enseignement, mais d’abord la suite de manifestations contre la guerre du Vietnam et une révolte contre l’organisation de «Journées de la défense nationale» conçues pour promouvoir l’armée. Tant et si bien que ces journées furent perturbées, et qu’une année plus tard eut lieu en réponse une très importante «Semaine de la paix», réclamée par un autocollant porté en Mai 68.

Même s’il n’y eut pas 10 millions de grévistes comme en France, furent également mises en évidence les carences du syndicalisme de l’époque: organisations bureaucratisées occupées à ne défendre que «l’aristocratie ouvrière» (masculine, évidemment!), confondant souvent compromis social et compromission, non intéressées à défendre les travailleurs et travailleuses des secteurs précaires – la plupart du temps à majorité immigrée (hôtellerie-restauration, nettoyage).

Le SIT (alors syndicat chrétien), s’était illustré dans long communiqué de soutien très explicite:

«Cet immense mouvement (…) qui remet en question nos structures capitalistes est le signe que les travailleurs, les apprentis et les étudiants prennent conscience de leur état de dépendance et d’oppression et comprennent que, étant unis, ils peuvent construire un monde plus juste et plus solidaires.»

Enfin, Mai 68 en Suisse fut le terreau de la création d’organisations politiques d’extrême gauche dont beaucoup de militante·es avaient été exclu·es du PdT-POP ou avaient glissé à gauche du Parti socialiste.

Georges Tissot,
Genève

Opinions On nous écrit Votre lettre Société

Connexion