Édito

Hold up patronal

Hold up patronal
Si elle est acceptée, la motion Ettlin pourrait signifier, dans les cantons de Genève et de Neuchâtel, des baisses de rémunération dans des domaines déjà mal lotis comme l’hôtellerie-restauration, la coiffure ou le nettoyage. KEYSTONE / PHOTO PRÉTEXTE
Salaire minimum

Mercredi, si le Conseil national suit la Chambre haute, des milliers, voire des dizaines de milliers, de travailleurs et travailleuses déjà précaires verront leur situation se détériorer. Les élu·es fédéraux et fédérales doivent se prononcer sur la motion Ettlin qui veut faire primer les conventions collectives nationales (CN) sur les salaires minimaux cantonaux.

Cela pourrait signifier, dans les cantons de Genève et de Neuchâtel, des baisses de rémunération dans des domaines déjà mal lotis comme l’hôtellerie-restauration, la coiffure ou le nettoyage. Là, les salaires minimaux cantonaux sont plus élevés que ceux des CN et ils ont force obligatoire, contrairement à Bâle-Ville, au Jura et au Tessin qui privilégient les accords de branche.

Ce faisant, la droite s’assied sur la démocratie directe. Car tant la population genevoise que la neuchâteloise ont voté et approuvé le principe d’un salaire minimal cantonal. Et ce en toute connaissance de cause puisque durant les campagnes de votation, les opposant·es ont pu faire valoir leurs arguments. Ce sont peu ou prou les mêmes qui sont développés aujourd’hui pour soutenir la motion Ettlin. Le Souverain leur a préféré davantage de dignité pour celles et ceux qui occupent des postes difficiles et souvent mal payés.

Pour la droite, le partenariat social doit l’emporter par le biais de textes négociés au niveau national. Et tant pis si les travailleurs et travailleuses genevois·es ou zurichois·es sont payés au même tarif que les Appenzellois·es, alors que le coût de la vie n’est pas le même. Leur discours: on ne peut pas vouloir le beurre, soit les avantages négociés dans les conventions collectives, et l’argent du beurre avec des salaires plus élevés que ceux des collègues d’autres cantons. Lorsqu’on parle des catégories les moins bien payées de ce pays, l’argument est indécent. Il l’est d’autant plus que celles et ceux qui louent le partenariat social se montrent de plus en plus durs en affaires. La dernière grève des maçons en est l’illustration la plus récente.

Pour ces actifs et actives qui bien que travaillant à temps plein peinent à joindre les deux bouts, une baisse de salaire est tout simplement inimaginable. Il s’agit surtout d’un mauvais calcul pour la société. Le personnel moins payé devra se tourner vers les pouvoirs publics afin de compléter un revenu insuffisant. Au final, ce seront les contribuables qui paieront en lieu et place des entreprises et de leurs clients.

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