Édito

C’est quand, la «dernière chance»?

Brouillon auto 416
KEYSTONE
COP 27

Alors qu’on espérait des ambitions à la hausse après le sommet de Glasgow l’an dernier, la COP27 de Charm el-Cheikh débouche sur un compromis au goût de vieux chewing-gum – il favorise le statu quo plutôt que l’audace et le courage. «Nous devons drastiquement réduire les émissions maintenant, et c’est une question à laquelle cette COP n’a pas répondu», a critiqué le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.

Au fil de discussions tendues prolongées jusqu’à l’aube, la conférence a certes décidé que les pays les plus pauvres recevraient une aide pour parer au changement climatique, par le biais d’un fonds ad hoc. Il fera l’objet de nouvelles négociations en 2023, lors de la prochaine conférence de l’ONU sur le climat – elle aura lieu à Dubaï. Quant à l’objectif de l’Accord de Paris d’un réchauffement planétaire limité à 1,5° C, il a été réaffirmé dans la décision finale. Mais les moyens pour y parvenir manquent à l’appel: floues, les formulations n’incluent pas d’obligations pour les pays signataires de présenter de nouveaux engagements.

Bien sûr, la crise énergétique globale n’aura pas aidé. Et puis, présents en masse dans la station balnéaire, les pays extracteurs d’hydrocarbures et leurs lobbyistes n’étaient évidemment pas venus pour profiter d’une mer Rouge à 26° C. De là à parler de reculade par rapport au sommet de Glasgow, il y a un pas que plusieurs observateur·trices n’hésitent pas à franchir, pointant que les engagements actuels mèneront au mieux à un réchauffement à 2,4° C à la fin du siècle.

En Egypte, la Suisse n’a guère brillé, soulignaient les Verts vendredi, alors que le pays s’opposait à l’indemnisation par les pays riches des pertes et dommages liés au climat dans les nations du Sud. Ceci quand bien même la Confédération «continue de payer des pays pauvres pour qu’ils réduisent leurs émissions à notre place», enfonce Greenpeace.

Et si la Suisse appelle à soutenir l’objectif de 1,5° C et à aligner les flux financiers sur les propositions de l’Accord de Paris, elle refuse de réguler sa propre place financière. Ou d’exiger de sa Banque nationale qu’elle fasse de l’ordre dans son portefeuille d’actions, pratiquement aussi polluant que les émissions des vingt-six cantons réunis.

Comme les dernières COP, la conférence de Charm el-Cheikh était celle «de la dernière chance». Un jour, toutefois, il faudra admettre que cette chance est désormais passée.

Opinions Édito Samuel Schellenberg COP 27

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