Le rail déraille
Le réseau ferroviaire de la Suisse romande est à la traîne par rapport à la Suisse alémanique. Un handicap considérable, qu’il s’agisse du court terme – comment pallier la pénurie énergétique liée à l’invasion de l’Ukraine? –, du moyen terme – nos villes étouffent sous la pollution automobile – ou du long terme – comment répondre à la crise climatique?
Une double raison à cela. Une approche moins dogmatique outre-Sarine qui a fait que des villes comme Zurich, pour prendre le pôle urbain le plus avancé en la matière, a depuis des lustres développé un réseau ferré dense et performant. A l’opposé, Genève n’a pas fait mentir son statut de ville hôte du Salon de l’auto.
Signe le plus visible, le réseau de tram – dense autrefois – a été démantelé, à l’exception du tram 12. Combler ce retard prend du temps. A fortiori quand la caste politique de droite peine à se défaire d’un atavisme automobilistique qui tient de la pathologie.
Mais il faut aussi constater que le pouvoir politique et économique suisse est alémanique et qu’il n’a pas fait de cadeaux à l’arc lémanique. Qu’il s’agisse de la ligne CFF Genève-Lausanne ou de la liaison des deux rives du lac. Lorsque cette dernière a été remise sur le tapis dans les années quatre-vingt, la cité de Calvin a eu à opérer un douloureux choix: c’était soit relier l’aéroport au réseau ferroviaire, soit la liaison dite CEVA. La première option a primé. C’est aussi une vision d’une Genève périphérique, un cul de sac ferroviaire – alors qu’elle s’inscrit dans un réseau européen – qui encombre la tête des technocrates qui font la loi à Berne en la matière. Les blocages se nourrissent mutuellement et hypothèquent l’avenir.