Édito

Climat: les démons sont toujours vieux

Plainte annoncée contre un arrachage de bitume
Selon un participant, cette action visait à pousser les autorités à végétaliser ce quartier très bétonné. LDD
Dégrappage

Le rapport a été prestement rendu. Il aura fallu moins de deux mois à Christine Junod, juge à la retraite, pour remettre au Conseil administratif genevois son rapport sur l’affaire du «dégrappage». Des militant·es de quartier et climatiques avaient en effet procédé le 22 juin dernier à une action de rue consistant à enlever du bitume sur quelques mètres carrés aux Pâquis. Une action illégale, bien sûr. L’inconnue demeurant le fait que, de bonne foi, certain·es ont pu croire à un feu vert de la magistrate municipale Frédérique Perler.

Selon ce rapport, les demandes d’autorisation de la manifestation auraient occulté cet élément illégal et qu’une fois ce dernier réintroduit, les organisateurs·trices auraient joué sur un dysfonctionnement administratif et des ambiguïtés pour mener à bien leur action.

Au vu de l’enjeu climatique, ce genre d’actions peut se justifier. La résistance civile non violente est légitime mais suppose ensuite qu’on accepte les conséquences juridique de la loi que l’on viole. Le coût de la remise en état des lieux – 3002 francs – qui sera mis à charge des associations peut valoir la chandelle. Tout dépendra bien sûr du montant des amendes qui doivent encore être signifiées en sus.

Deux questions se posent maintenant. La démarche consistant à mettre en difficulté la magistrate verte, jugée trop lente à appliquer son programme, peut se révéler dangereuse pour les auteur·trices de l’action. Elle peut certes enclencher une dynamique de conscientisation des enjeux environnementaux qui se posent à nous mais elle peut aussi provoquer une disgrâce de Frédérique Perler, faisant le jeu d’une droite sourde à la cause environnementale. C’est un euphémisme. Quelle réponse politique constructive sera apportée aux questions posées par ce dégrappage? L’hystérie qui s’est manifestée sur les bancs bourgeois après ce bal des marteaux piqueurs n’est pas de bon augure pour leur capacité à prendre en compte les défis de la crise climatique.

On a encore vu il y a quelques jours un conseiller national du Parti du centre faire une descente d’organe pour quelques mètres de pistes cyclables tracés au centre-ville. Et que dire de cet élu national PLR qui a passé des jours à la fenêtre de son étude pour photographier les voitures bridées par les «corona pistes» du conseiller d’Etat Serge Dal Busco? Ce n’est pas par hasard qu’on parle de «vieux démons»: actuellement, en matière de mobilité et de climat, c’est davantage le rétroviseur que la capacité à se réinventer qui prime. Inquiétant constat.

Opinions Édito Philippe Bach Dégrappage Pâquis

Autour de l'article

Connexion