Édito

Solidarité fiscale

Solidarité fiscale
Le Grand Conseil, à majorité de droite, a voté le 10 mai sur une baisse d’impôts sur les personnes physiques de 5 points dès 2023. KEYSTONE/ARCHIVES
Vaud

La droite vaudoise a tenu sa promesse de campagne électorale: faire baisser les impôts des contribuables vaudois. Le Grand Conseil, à majorité de droite, a voté le 10 mai sur une baisse d’impôts sur les personnes physiques de 5 points dès 2023. Une diminution de coefficient cantonal sur le revenu et la fortune. Une mesure dont le coût est estimé – en termes de manque à gagner – à environ 180 millions par année pour l’Etat. Mais cette baisse fiscale est attrayante uniquement pour les grandes fortunes… Elle est aussi assurément le signal d’un début de démantèlement des acquis du gouvernement de gauche.

Selon des calculs faits par nos confrères de 24heures, ce changement ne bénéficierait qu’aux classes supérieures. A titre d’exemple, une personne seule avec un revenu brut annuel imposable de 75’000 francs ne recevrait que 232 francs alors que cette baisse serait de 5771 francs pour un revenu de 1 million.

Ce mardi, une gauche unie a contre-attaqué les ambitions bourgeoises. Un peu tardivement, certes, mais elle a au moins le mérite de le faire. Par le biais d’une motion, elle demande que cette baisse de coefficient soit remplacée par un rabais d’impôts forfaitaire. Une proposition plus équitable pour l’ensemble de la population.

La coalition propose une baisse de 350 francs par contribuable individuel, 700 francs pour un couple marié et 150 francs supplémentaires pour chaque enfant à charge. Et d’exiger aussi le relèvement du plafonnement cantonal des déductions de frais de garde: de 10’100 francs à maximum 25’000 francs. Le coût total de ces mesures devront correspondre aux coupes annuelles prévues de 180 millions.

Reste que le manque à gagner avec cette baisse d’impôts sera conséquent pour le canton. Cette réforme fiscale est insensée dans la période d’incertitude que nous traversons. Santé, social, climat, tant de secteurs où des ressources manquent… et où les plus vulnérables auront besoin d’un soutien marqué de l’Etat. Raison pour laquelle cette baisse d’impôt (importante) voulue par la droite doit d’abord être combattue. Mais si elle doit effectivement avoir lieu, alors elle doit être la plus équitable possible et profiter au plus grand nombre.

La gauche menace d’ores et déjà de référendum si cette réforme fiscale ne profite qu’à une minorité. Et elle a de bonnes raisons de le faire. Les hauts revenus ont des rentrées d’argent plus que suffisantes pour vivre. Leur faire des cadeaux fiscaux ne servira jamais la collectivité.

Le Conseil d’Etat serait bien inspiré de revenir avec un contre-projet moins gourmand que ces 5 points d’impôts et surtout plus respectueux des classes populaires. La centriste Valérie Dittli, qui a été propulsée aux Finances sans expérience, devra faire ses preuves. Maintenant qu’elle est au gouvernement, saura-t-elle prendre en compte l’intérêt de l’ensemble des Vaudois·es? Comment pourrait-elle réussir à respecter sa promesse de faire du climat une priorité tout en redistribuant de l’argent aux riches?

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