Chroniques

Netanyahou pousse à la faute

AU PIED DU MUR

La mosquée Al-Aqsa à Jérusalem est l’un des trois lieux saints les plus importants de l’islam sunnite. Conscientes de cette réalité, les autorités israéliennes avaient décidé dès les premiers jours de l’occupation en juin 1967 de Jérusalem-Est, et donc de l’esplanade des Mosquées, d’en laisser la gestion au royaume hachémite de Jordanie. A part quelques incidents – dont la visite provocatrice d’Ariel Sharon en 2000 qui avait provoqué un soulèvement généralisé dans les territoires occupés –, le statu quo, comme on l’appelle, a plutôt bien fonctionné.

Depuis plusieurs mois, et sous la pression de l’opposition d’extrême droite, la tension sur l’esplanade est montée de plusieurs crans: le nombre de juifs qui viennent prier sur l’esplanade – violation flagrante de l’accord de 1967 – a sensiblement augmenté, entraînant des jets de pierres de la part des jeunes musulmans sur les provocateurs et les forces de police. Pis, les policiers sont entrés bottés et armés dans la mosquée pour y déloger brutalement les jeunes.

Cette incursion a suscité une vague de colère non seulement dans l’ensemble de la Cisjordanie, mais aussi dans tout le monde musulman. Israël joue avec le feu. Yahya Sinwar, chef du Hamas à Gaza, a menacé d’attaquer avec les roquettes dont il dispose les villes israéliennes, ce qu’il avait déjà réussi à faire dans un passé récent. Dans un réflexe pavlovien, les autorités israéliennes menacent de leur côté d’envahir à nouveau la bande de Gaza et d’assassiner Sinwar. On aurait envie de leur dire «chiche!», car l’expérience de l’invasion précédente n’a pas été un succès, et c’est un euphémisme.

Tout cela, le gouvernement israélien et les autorités sécuritaires le savent pertinemment. Mais ils sont poussés à la faute par Benyamin Netanyahou et ses troupes, motivés uniquement par la volonté de faire tomber le gouvernement et de récupérer la résidence ministérielle de la rue Balfour, à Jérusalem. Or le gouvernement de Naftali Bennett n’a plus la majorité et ne peut rester en place qu’avec le soutien de la Liste (arabe) unie, ce qui n’est pas pour renforcer sa popularité au sein de son électorat de droite.

Tout se passe comme si, une fois de plus, on allait vers de nouvelles élections et une période d’instabilité où la surenchère d’extrême droite donnera le ton.

Militant anticolonialiste israélien, fondateur du Centre d’information alternative (Jérusalem/Bethléem).

Opinions Chroniques Michel Warschawski

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lundi 8 janvier 2018

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