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Fin de règne du clan Netanyahou ?

AU PIED DU MUR

A moins d’un coup d’Etat, les treize ans de pouvoir de la famille Netanyahou sont sur le point de s’achever: le roi, la reine-folle et le prince-voyou quittent la résidence officielle de la rue Balfour à Jérusalem pour leur villa privée de Césarée (entretenue par nos impôts depuis que Benyamin Netanyahou a imposé le vote d’une loi sur ce financement sans précédent).

Le nouveau gouvernement de Naftali Benett et de Yair Lapid n’est pas moins à droite que le précédent, mais il représente un tournant: la fin de la corruption et du bling-bling et, surtout, la fin d’un pouvoir exécutif de plus en plus absolu, motivé par les intérêts personnels du Premier ministre sortant et sa soif de pouvoir sans limite. C’est d’ailleurs ce qui a provoqué sa fin: ses collaborateurs les plus proches n’en pouvaient plus de se faire écraser et humilier par Benjamin Netanyahou et son clan maffieux, et ils ont décidé de s’allier au parti Yesh Atid (centre droit) de Yair Lapid pour faire tomber le «chef» (à ne pas traduire en allemand), comme il aimait se faire appeler.

Netanyahou est tellement avide de pouvoir qu’il a refusé à plusieurs reprises de quitter son poste en échange d’une grâce présidentielle pour les trois affaires de corruption aggravée actuellement en jugement, et qui risquent de le mener en prison.

L’ancien Premier ministre et sa garde rapprochée sont loin de baisser les bras. Avec «mon grand ami Trump» comme modèle, ils incitent la base populaire de la droite à refuser la «trahison» de Benett qui aurait dévoyé les voix de son électorat pour former un gouvernement de gauche [sic]. Abusant des chaînes de télévision aux heures de grande écoute, Netanyahou incite la population à faire «toutes les pressions possibles» pour que le nouveau gouvernement ne voie pas le jour. Les réseaux sociaux, animés par le «voyou» [Yair Netanyahou, fils de], déversent la haine et incitent la droite «à ne pas lâcher les traîtres» qui ont lâché Netanyahou. Plusieurs députés de droite qui soutiennent le nouveau gouvernement sont sous protection policière vingt-quatre heures sur vingt-quatre…

Nadav Argaman, chef des Services de sécurité généraux (et proche de Netanyahou), a dramatiquement mis en garde contre un assassinat politique similaire à celui qui avait coûté la vie au Premier ministre Yitshak Rabin en 1995. Le dénominateur commun: le rôle de Netanyahou comme incitateur principal, à l’époque pour prendre le pouvoir, aujourd’hui pour s’y accrocher.

Quoi qu’il en soit, le nouveau gouvernement sera confronté à un double problème: les divergences internes entre ses composantes sur presque tous les sujets et une opposition menée par Netanyahou qui n’hésitera pas à utiliser «toutes les pressions possibles» pour retourner à la rue Balfour.

Michel Warschawski est militant anticolonialiste israélien, fondateur du Centre d’information alternative (Jérusalem/Bethléem).

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lundi 8 janvier 2018

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