Chroniques

Israël prive lesGazaoui·e·s de leurs vaccins

AU PIED DU MUR

Cela semblerait invraisemblable, si ce n’était le fait de l’Etat colonial israélien. Selon la ministre de la Santé palestinienne, Israël a empêché le transit de vaccins contre le Covid que l’Autorité palestinienne comptait transférer aux habitant·e·s de Gaza. Il s’agissait de 2000 doses du vaccin Spoutnik envoyés par les Russes à Ramallah, en Cisjordanie, qui ont été bloquées par Israël avant de pouvoir parvenir à destination mercredi dernier. 2000 doses pour près de 2 millions d’habitant·e·s, pas même de quoi vacciner le personnel médical… Mais même cette goutte d’eau dans la mer des besoins médicaux gazaouis, Israël s’en sert pour punir celles et ceux qui refusent de baisser la tête face à son pouvoir, sa violence et ses menaces.

Punir? Même pas en fait. Montrer qui est le chef. C’est la philosophie de l’adjudant; c’est de tout temps la logique du colonialisme. «Les Palestiniens n’ont pas respecté les règles», explique le porte-parole de l’occupation coloniale. Quelles règles? Celles dictées par un lieutenant-colonel de 30 ans, responsable de la vie et de la mort de millions de Palestiniens, femmes, hommes, enfants, vieillards, invalides, qui ne peuvent se nourrir, travailler, étudier, circuler sans son autorisation?

A la Cour pénale internationale de La Haye, on ne reconnait pas ces règles, qui sont en fait la loi du plus fort, la loi de la jungle. A la CPI, on dit le droit international, les Conventions de Genève, les centaines de résolutions des Nations Unies qui affirment l’illégalité de l’occupation et de ses pratiques. Certes, la juridiction internationale est faible avec les forts et a peu de moyens pour imposer le droit mais, de temps à autre, certaines institutions sortent de leur réserve et condamnent les violations flagrantes du pouvoir colonial israélien. C’est ce qu’avaient fait plusieurs rapporteurs des Nations Unies, dont ce grand homme et ce grand Suisse qu’est Jean Ziegler.

C’est ce que vient de faire la procureure de la CPI dans un rapport sur les crimes de guerre commis par Israël (et le Hamas – il faut toujours garder l’équilibre!) contre la population civile de Gaza1 Cf. «Report on Preliminary Examination Activities (2020) – Palestine», CPI, 14 décembre 2020. Le 5 février dernier, la CPI s’est déclarée compétente pour les faits survenus dans les Territoires palestiniens occupés, ce qui ouvre la voie à une enquête pour crimes de guerre.. Certains diront: «oui, mais ce ne sont que des mots». A quoi il est impératif de répondre que dire le droit est mieux que de se taire, car le silence signifie complicité. Dire le droit est la condition préalable à des actions de ladite communauté internationale.

En attendant, c’est à la société civile de montrer la voie, par la multiplication d’initiatives citoyennes de sanctions et de boycott. Plus que jamais et où que nous soyons: BDS2  La campagne internationale Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) appelle au boycott économique, culturel et politique d’Israël en vue d’obtenir la fin de l’occupation et de la colonisation des terres arabes, l’égalité des citoyen·ne·s arabo-palestinien·ne·s d’Israël et le respect du droit au retour des réfugié·e·s palestinien·ne·s.!

Notes[+]

Notre chroniqueur est militant anticolonialiste israélien, fondateur du Centre d’information alternative (Jérusalem/Bethléem).

Opinions Chroniques Michel Warschawski

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lundi 8 janvier 2018

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