Chroniques

Au nom des ancêtres, au nom du profit

AU PIED DU MUR

«Au nom de nos ancêtres respectifs, ne vendez pas d’armes a l’Azerbaïdjan!». A la une du quotidien Haaretz du 23 octobre, une annonce d’un quart de page, sous la forme d’une lettre ouverte au président de l’Etat d’Israël, Reuven Rivlin.

Elle est signée Nicolas Aznavour, fils de, avec une photo où l’on voit son père, Charles, et sa tante Aïda recevoir la médaille Raoul Wallenberg des mains du président Rivlin, pour la contribution de leur famille au sauvetage de familles juives pendant l’occupation nazie en France. Dans cette annonce, Nicolas raconte la fuite de ses grands-parents lors du génocide arménien commis par le pouvoir ottoman, puis la coexistence entre réfugiés arméniens et juifs d’Europe de l’Est, eux aussi victimes du racisme, dans le quartier du Marais à Paris.

L’objet de cette annonce n’est pas la nostalgie mais la colère. Nicolas Aznavour s’y révolte contre la vente d’armes israéliennes à l’Azerbaïdjan qui mène une guerre génocidaire contre les Arméniens. Entre autres, des bombes à fragmentation, formellement interdites par les conventions internationales. «Je vous demande, Monsieur le Président, de nous aider à faire interdire la vente de ces armes à l’Azerbaïdjan, au nom de l’humanité et de la longue amitié entre Juifs et Arméniens», écrit Nicolas Aznavour. Et d’ajouter: «Israël, créé par des rescapés de la Shoah, ne peut fermer les yeux face à un génocide que les Azéris, avec l’aide du gouvernement turc, se préparent à commettre en Arménie.»

Rédigeant en hébreu dans ce même quotidien, j’y tiens une chronique intitulée «Il [Netanyahou] a depuis longtemps oublié ce que c’est qu’être Juif», usant d’une expression que ce dernier, alors candidat du Likoud aux élections, avait utilisée pour décrire la «gôche». Une fois de plus, le fils de Bension Netanyahou a oublié qui étaient ses ancêtres et ce qu’a été leur oppression. Nicolas Aznavour écrit son appel émouvant au nom de l’oppression de son peuple. Benjamin Netanyahou vend des armes aux régimes les plus oppresseurs et les plus criminels au nom du profit. A l’inverse du fils de Charles Aznavour, il crache, une fois de plus, sur les tombes de nos grands-­parents.

Au bas de l’annonce, des photos des armes utilisées en Azerbaïdjan, avec des inscriptions made in Israel.

Militant anticolonialiste israélien, fondateur du Centre d’information alternative (Jérusalem/Bethléem).

Opinions Chroniques Michel Warschawski

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lundi 8 janvier 2018

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