Édito

Elles ne lâcheront rien

Elles ne lâcheront rien
Et les femmes sont bien décidées à ne pas se laisser bâillonner par un virus. / J.-P. Di Silvestro
Coronavirus

La nouvelle s’est propagée comme une onde de choc vendredi: toutes les manifestations de plus de 1000 personnes sont interdites jusqu’au 15 mars au moins, pour prévenir la propagation du Covid-19, le fameux coronavirus. Des événements sportifs, culturels, économiques en font les frais. Mais la décision, inédite et radicale, touche aussi à nos droits démocratiques: les femmes ne pourront pas défiler par milliers dans les rues le 8 mars afin de manifester pour l’égalité. La grève est maintenue, mais doit se réinventer.

La mesure de la Confédération interpelle. Pourquoi ce seuil de 1000 personnes? Pourquoi pointer les manifestations en plein air, alors que les transports publics, où la proximité est de mise, sont épargnés? A aucun moment, le chiffre n’a été justifié. Il ne fait pas non plus l’objet d’une concertation internationale: la France annonçait samedi de son côté l’interdiction des manifestations de plus de 5000 personnes «en milieu confiné». Et en Suisse, certains cantons prennent des mesures drastiques, à l’instar des Grisons, qui proscrivent tout rassemblement de plus de 50 personnes.

Les autorités doivent évidemment agir face à cette crise sanitaire, qui touche des personnes vulnérables. Reste qu’en cette période où de fortes mobilisations sociales sont prévues – grève féministe le 8 mars, grève pour le climat le 15 mai – le gouvernement devra montrer qu’il ne s’est pas laissé guider par l’arbitraire et ne pas négliger l’important impact de ses décisions sur le droit démocratique de manifester.

Les féminicides ne s’arrêtent pas avec le Covid-19. Et les femmes sont bien décidées à ne pas se laisser bâillonner par un virus: les collectifs ne lâchent pas l’affaire. Ce week-end, les préparatifs de la grève allaient bon train, entre ateliers de pancartes et répétitions pour les flashmobs. Des solutions créatives sont mises en place, avec la volonté de mener des actions décentralisées et démultipliées.

Reste maintenant aux autorités cantonales, qui se prononceront sur les rassemblements de plus petite envergure dans l’espace public, à faire preuve de proportionnalité. Alors que 500 000 personnes sont descendues dans la rue le 14 juin, elles ne pourront rester sourdes à la nécessité de manifester contre les inégalités toujours criantes et les violences qui touchent les femmes.

Opinions Édito Sophie Dupont Coronavirus 8 mars

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