Édito

La justice relaxe Asli ­Erdogan

Asli Erdogan acquittée
Les autorités turques accusaient Asli Erdogan de sympathies pro-kurdes. KEYSTONE
Turquie

Les bonnes nouvelles de Turquie sont rares, ne boudons pas celle-ci: au terme d’un long procès, un tribunal d’Istanbul a acquitté vendredi Asli Erdogan. Auteure de L’Homme coquillage et plusieurs autres romans traduits à l’international, l’écrivaine exilée en Allemagne, ex-physicienne du CERN, était jugée pour «tentative de porter atteinte à l’intégrité de l’Etat» et «appartenance à un groupe terroriste».

En cause: sa collaboration avec le quotidien prokurde Özgür Gündem, entre-temps fermé par décret présidentiel, comme des dizaines d’autres journaux turcs. Les autorités accusaient Asli Erdogan d’avoir, par ses écrits, soutenu le PKK, Parti des travailleurs du Kurdistan en lutte armée contre Ankara. A l’audience vendredi, dans un texte lu par son avocat, l’écrivaine quinquagénaire a estimé que s’en prendre à elle sur la base de «textes littéraires est une chose que la raison peut difficilement accepter au XXIe siècle et piétine les valeurs sur lesquelles reposent le droit et la littérature». La dimension politique de ses articles était uniquement liée à son engagement pour les droits humains, a-t-elle encore ajouté.

L’arrestation d’Asli Erdogan en 2016, suivie par son incarcération durant cent trente-six jours, s’inscrivait dans le cadre des purges massives menées par le pouvoir au lendemain d’un putsch raté contre le président Recep Tayyip Erdogan. Une répression qui s’en est notamment prise à de nombreux enseignants, journalistes et autres intellectuels, mettant à genoux une liberté d’expression déjà précaire. Et si le tribunal a par ailleurs acquitté Bilge Aykut et la linguiste Necmiye Alpay, coaccusées dans le même procès, les charges ont cependant été maintenues à l’encontre de l’avocate Eren Keskin et de trois journalistes d’Özgür Gündem. On le voit, l’embellie judiciaire n’est que très partielle.

«La romancière n’a aucun lien de parenté avec le président turc», manquent rarement de préciser les articles sur Asli Erdogan. Qui sait pourquoi.

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