Édito

La pub l’a mauvaise

La pub l’a mauvaise
Des militants du Réseau Objection de Croissance de Genève collent une affiche "La pub vend notre attention sans notre accord!" sur une publicité apposée sur un tram des TPG, en novembre 2016. KEYSTONE
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Marre de voir les femmes réduites à des objets sexuels aguicheurs? Dans la foulée de la grève féministe du 14 juin, le Grand Conseil vaudois a, la semaine passée, opéré une réjouissante avancée en bannissant du canton les affiches publicitaires sexistes. Les Verts genevois ont déposé un projet de loi similaire.

Loin de s’autoréguler, le secteur de la publicité continue à véhiculer des représentations de soumission et des clichés éculés. Les femmes sont trop souvent réduites à des corps jeunes et parfaits, dépourvus de cervelle, sur fond d’imaginaire directement issu de la pornographie. On est loin de l’émancipation rêvée le 14 juin.

Autre cible, autre décalage avec les mobilisations actuelles: les pubs pour des produits nocifs pour l’environnement ont été dans le viseur à Lausanne. Malheureusement, à l’heure des grands discours sur l’urgence climatique, le délibératif a, début juin, classé verticalement une pétition qui demandait la fin de l’affichage commercial nuisant gravement au climat, «en particulier celui vantant les voitures à forte consommation». Alors que le Conseil communal est à majorité de gauche, les Verts ont été lâchés par les socialistes, au prétexte que les bases juridiques se situaient au niveau cantonal. Une pétition à la Chaux-de-Fonds, déposée lundi, demande l’interdiction de toute pub commerciale, en insistant sur celles vantant des produits polluants.

En Ville de Genève, les magistrats socialistes s’opposent aussi à l’émancipation en marche. En purs gestionnaires, ils proposent de vider de sa substance l’initiative «zéro pub», visant à bannir toute annonce commerciale des panneaux d’affichage – un texte envoyé hier sans débat en commission par le Conseil municipal.

Formant une majorité avec leur collègue PDC, Sandrine Salerno et Sami Kanaan refusent le trou de 4,3 millions de francs qui serait créé dans le budget de 1,2 milliard – une peccadille comparé aux 50 millions de pertes dues à la réforme fiscale des entreprises qu’ils ont défendue. Autre argument: ces pubs se reporteraient sur d’autres vecteurs, notamment les bus.

Une courte vue. Grenoble a franchi ce pas en 2015, sans voir les pubs disparaître des abribus – mais début 2019, au moment de renouveler le mandat avec l’afficheur, le syndicat des transports en commun a promis de les réduire drastiquement.

Sauf si la justice annule l’initiative, les Genevois diront s’ils veulent se libérer de ces illusions de bonheur marchand que chacun est contraint de subir, qui enlaidissent la ville, entravent la mobilité, poussent à la surconsommation, à l’endettement et à l’épuisement des ressources.

Opinions Édito Rachad Armanios Publicité

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