La construction 3.0 pas forcément durable
Un bon tiers de l’énergie et des ressources consommées sur la planète est lié au secteur du bâtiment. Des technologies numériques telles que modèles informatiques, imprimantes 3D et utilisation de robots veulent le rendre plus durable. Mais cette voie ne sera vraiment écologique que si les constructions ne doivent pas être rénovées pendant plusieurs décennies, indique une étude du Pôle de recherche national «Fabrication numérique».
Dans cette approche, des algorithmes élaborent des plans complexes afin de construire des bâtiments stables avec le moins de matériel possible, et des imprimantes 3D produisent des éléments de construction multifonctionnels qui combinent les qualités spécifiques de différents matériaux. «On économise ainsi les ressources, ce qui soulage autant l’environnement que le porte-monnaie», pointe Guillaume Habert, professeur de construction durable à l’ETH Zurich. Toutefois, le recyclage des éléments multifonctionnels n’est pas vraiment écologique. Pour quelle raison? La séparation de leurs composants consomme beaucoup d’énergie, tout comme leur récupération.
Son équipe a réalisé des bilans écologiques pour évaluer la durabilité de la construction numérique. Ils incluent tous les processus impliqués dans le cycle de vie d’un produit, de l’extraction des matières premières à sa fabrication et de son utilisation au recyclage de l’ensemble de ses composants. Les résultats montrent que la performance environnementale des éléments de construction multifonctionnels dépend surtout de leur durée d’utilisation. Un projet de construction numérique doit donc d’abord garantir qu’une éventuelle rénovation ou transformation pourrait être effectuée de manière flexible et sans grand problème. «C’est uniquement dans ce cas que les nouvelles technologies en valent la peine du point de vue de la durabilité.»
Paru dans Horizons n° 120, mars 2019, revue du Fonds national suisse.
I. Agustí-Juan et al.: «Environmental assessment of multi-functional building elements constructed with digital fabrication techniques.» The International Journal of Life Cycle Assessment (2018).