Édito

Fabrique d’armes à vendre

Fabrique d’armes à vendre
Deux avions F-5 Tiger fabriqués par RUAG aviation. Keystone
Privatisation

Le Conseil fédéral veut privatiser une partie des activités de RUAG. Resteraient en mains suisses les tâches d’entretien et réparation des fournitures de l’armée. Au privé: le secteur produisant des munitions et l’aérospatial. Le tout pour un montant qui pourrait dépasser le milliard de francs.

Se pose une question éthique: faut-il revendre à des privés une fabrique de munitions et de grenades qui ont déjà défrayé la chronique pour s’être trouvées en terrain de guerre ou utilisées contre des populations civiles en Syrie, au Yémen et en Libye? Le Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA) s’inquiète de la perte de contrôle de l’Etat en la matière. Les scandales des grenades retrouvées aux mains de l’Etat islamique après avoir été vendues aux Emirats arabes unis ont peut-être poussé le gouvernement à faciliter la privatisation de cette entreprise impopulaire, pour se dédouaner de sa responsabilité de surveillance.

A chaque demande de resserrer le contrôle et de réduire les exportations d’armes, le gouvernement a répondu par le joker de la menace sur les emplois – RUAG compte près de 7000 salariés en Suisse. Aujourd’hui, le Conseil fédéral est prêt à céder ces activités, en admettant «qu’il faudra faire preuve d’une grande prudence dans le choix d’un repreneur» au vu des risques de délocalisation.

Via RUAG, la Suisse a développé un immense savoir-faire dans l’industrie technique de précision. Vendredi, des dizaines de milliers de jeunes gens étaient dans la rue pour revendiquer un changement drastique en politique afin de préserver le climat. Convertir des milliers d’emplois dédiés à l’armement et à la conquête de l’espace – avec les coûts humains et environnementaux que l’on connaît – en des emplois dédiés à la transition énergétique pourrait s’avérer une idée d’avenir.

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