Édito

G comme guerre

G comme guerre
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Sommet

G6+1 voire G3+3+1: les commentateurs étaient ce week-end à la recherche de la meilleure image pour symboliser un G7 plus divisé que jamais. Le sommet à 500 millions de dollars de Justin Trudeau, tenu vendredi et samedi au Québec, est un échec patent. D’organe de concertation des Occidentaux pour asseoir leur domination sur le reste du monde et le règne de leurs transnationales, le G7 est devenu la caisse de résonance d’un modèle en crise.

Au-delà de la polémique autour de la déclaration commune, ce sommet restera marqué par l’exacerbation de la compétition intercapitaliste. Quoiqu’en disent certains propagandistes, l’économie mondiale demeure déprimée et d’une fragilité absolue. De bulle en bulle, une minorité continue de s’enrichir grâce à des taux de profit déconnectés des réalités ou par le pillage concerté de la nature et de pays entiers – par la dette, les privatisations, les paradis fiscaux et le sauvetage des banques. Ou encore par la mise en coupe réglée de couches défavorisées qui voient leurs conditions de travail se péjorer et leurs acquis sociaux s’éroder.

Longtemps, le G7 avait coordonné cette recherche de nouveaux débouchés, de plus grands profits pour leurs entreprises, notamment à travers les délocalisations ou sur le dos du Sud. Ce cycle est remis en question et la tentation est grande, désormais, de croquer aussi chez son ancien allié.

Dix ans après le krach, la maladie néo-libérale a contaminé l’ensemble de la société. Au Sud, les crises politiques se multiplient, les guerres n’ont jamais fait autant d’exilés. Au Nord, la dictature des capitaux sape les conquêtes démocratiques. Le mécontentement est palpable, la peur du déclassement social agit comme un terrible poison.

Pour conserver des majorités politiques, la bourgeoisie est de plus en plus contrainte de confier les clés aux populistes de droite, à agiter les drapeaux identitaires et nationalistes – rajoutant de l’huile sur le feu des relations internationales. Donald Trump symbolise cette tentation du chacun pour soi, mais l’Italie, le Japon et le Royaume-Uni n’en sont pas loin. Comme le relevait un militant d’Attac, jamais le G7 n’avait présenté un visage aussi à droite.

Pour la gauche, qui la première avait averti du mur qui se profilait, le péril a désormais deux têtes. Et on a vu, durant l’anti-G7 du Québec, combien cette hydre lui demeurait inaccessible.

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