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Boycott culturel ou politique?

Madeleine Gahigiri réagit à un article du 10 novembre à propos de la Batsheva Dance Compagny.
Danse

Elles ne soutiennent en rien la politique israélienne qui n’est absolument pas défendable, expliquent Anne Brüschweiler, directrice du Théâtre Forum Meyrin, et Anne Davier, directrice de l’ADC (Association de la danse contemporaine). Et pourtant elles invitent la Batsheva Dance Company du chorégraphe israélien Ohad Naharin. «… les artistes (…) ne doivent pas être fustigés à la place des décideurs. Le travail artistique est souvent un lieu où s’expriment les voix critiques et Last Work ne fait pas exception.». «Les infrastructures culturelles doivent participer à la libre circulation des œuvres et les portes doivent rester ouvertes», insiste Anne Davier.

Portes ouvertes à qui? A quoi? Batsheva une troupe indépendante? Ohad Naharin un artiste en opposition? Selon les propres rapports annuels de la Batsheva Company, la Division des affaires culturelles et scientifiques du Ministère des affaires étrangères (DACS) est un de ses deux principaux sponsors. Par conséquent, la compagnie subventionnée doit «s’engager à promouvoir les intérêts de l’Etat d’Israël via la culture et les arts, en contribuant à créer une image positive d’Israël», écrit Yitzhak Laor dans Haaretz.1 value="1">Haaretz du 25.07.2008 En plus, l’ambassade israélienne en France a également sponsorisé la création de Last Work à Montpellier en 2015.

Ohad Naharin un opposant? Il a participé à la 16e conférence de Herzliyya, conférence où est définie au plus haut niveau – par des représentants de la diplomatie, de la politique, de l’économie et de l’armée – la stratégie de l’Etat d’Israël en matière de sécurité et de politique étrangère. Par ailleurs, Naharin ne se fait pas entendre quand ses collègues du Théâtre Al-Midan de Haïfa doivent fermer, car leurs subventions ont été supprimées, pour avoir osé jouer une pièce sur les prisonniers politiques palestiniens. Ohad Naharin se tait et pourtant son rôle de Fou du Roi le rend si intéressant!

Alors quoi? Voulons-nous donc «promouvoir une image positive d’Israël?» ou plutôt utiliser le seul moyen – non violent! – qui fera comprendre à la société israélienne qu’elle n’a pas intérêt à soutenir ce régime d’apartheid? Ce régime qui entrave gravement la libre circulation des personnes, des recherches universitaires, des créations artistiques palestiniens/ennes. Nous l’avons fait avec succès pour l’Afrique du Sud. Pas la même chose? Pourtant Mgr Tutu, Prix Nobel de la paix, l’a dit après son séjour en Israël et Palestine illégalement occupée: «C’est clairement d’apartheid qu’il s’agit, vous parlez malheureusement à un connaisseur.»

Madeleine Gahigiri, Bernex (GE)

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