Vaud

Le roitelet de Noville

Halte aux forages

Tout ça pour ça! Depuis plus d’un an, des militants opposés aux forages de gaz sous le Léman tentent d’organiser une modeste marche de protestation entre Noville et Villeneuve, dans le canton de Vaud. L’histoire serait parfaitement anodine si les autorités communales ne leur avaient pas sèchement refusé ce droit élémentaire – et plutôt deux fois qu’une –, malgré le feu vert de la police cantonale.

Une procédure judiciaire et moult interpellations parlementaires plus tard, l’histoire se répétera-t-elle? Le collectif Halte aux forages vient en effet de déposer une nouvelle demande d’autorisation pour le 9 septembre, après une récente décision de justice en sa faveur. Les juges ont estimé que l’interdiction prononcée par Noville l’an passé n’était pas justifiée et contrevenait à la liberté d’expression et au droit de manifester, tous deux garantis par les Constitutions fédérale et cantonale.

Quoi qu’il advienne, ce mauvais feuilleton en dit long sur la culture quasi féodale de certaines municipalités vaudoises. A Noville, M. le Syndic Pierre-Alain Karlen (UDC), tel un roitelet régnant sur son petit royaume, n’entend pas se laisser enquiquiner par une poignée de gauchistes aux revendications farfelues. Dans sa réponse à la première demande de manifestation, on se souvient d’ailleurs qu’il avait élégamment suggéré à la requérante d’aller plutôt «s’oxygéner le cerveau» à la montagne.

Au-delà du personnage lui-même, l’affaire est aussi révélatrice de l’impuissance (ou du laxisme?) du Conseil d’Etat face à une commune rechignant à faire respecter le droit, et qui ne fait presque pas mystère de ses partis pris politiques sous couvert de craintes sécuritaires totalement fantasmées.

Prenant les devants, quatre députés ont ainsi écrit lundi au gouvernement pour l’appeler à prendre ses responsabilités en cas de nouveau refus. Car, malgré la décision des juges, une telle perspective n’est pas exclue, à lire dans 24 heures les déclarations de Pierre-Alain Karlen, déjà en train de pinailler sur la date et le parcours choisi (le même que l’an passé…). Après la circulation automobile, le syndic craint cette fois que les «amateurs de mobilité douce» ne soient «pris en otage» en restant bloqués derrière le cortège…

Une rencontre avec le collectif est néanmoins prévue vendredi. Malgré l’extrême mauvaise foi des autorités communales, gageons qu’elle débouchera sur une issue favorable. Sans quoi les sages militants antiforages seraient bien inspirés de montrer les dents et de faire entendre leur voix coûte que coûte. I

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