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Malgré l’urgence, Rio+20 s’achève sur un statu quo

AGORA ENVIRONNEMENT  • Martina Schmidt, de Pain pour le prochain, a participé au Sommet des Peuples en marge de la conférence onusienne Rio+20. Elle relève le poids de la société civile comme moteur de changement.

La Conférence Rio+20 se termine par un engagement mou. Grâce à la délégation brésilienne, pays hôte de la réunion tant attendue, au moins les résultats ne reculent pas derrière les acquis de 1992. Le droit des peuples autochtones, le droit à l’alimentation, le droit à l’eau et la nécessité de construire l’avenir sur les trois piliers du développement durable – tout développement doit garantir l’équilibre entre le social, l’économique et l’environnemental – sont des points de non-retour sur lesquels tout le monde s’accorde.

Toutefois, il n’a pas été possible de constituer le Conseil du développement durable. Cette proposition, fortement soutenue par Pain pour le prochain et Action de Carême, devient un simple Forum… Aucune mesure contraignante donc pour forcer les gouvernements du Nord à reconnaître l’urgence de la situation. Nous n’avons qu’une seule planète qui produit toutes les richesses nécessaires à nourrir tous les peuples. Arrêtons de vouloir consommer comme si nous avions trois terres à disposition!

En effet, «le sommet a raté l’occasion de réaliser le développement durable, amorcer le changement de paradigme nécessaire pour sauver la planète et élaborer des indicateurs de bien-être qui aillent au-delà de la croissance et PIB», comme le relève Isolda Agazzi d’Alliance Sud et membre de la délégation officielle suisse.

Grâce à l’insistance des pays en développement et des débats de la société civile, les dangers du concept de l’économie verte ont été relevés à bien des égards. La planète n’est pas un grand marché de produits que la nature et les écosystèmes mettent à disposition, et où chacun peut se servir selon les capacités économiques des pays.

Un nouveau paradigme du développement est plus que nécessaire, cela, la conférence l’a montré. Pain pour le prochain et Action de Carême s’engagent dans cette voie avec leur plate-forme Dialogue4change1.

Ce qui m’a le plus impressionnée à Rio, c’est la force de proposition de la société civile. Les peuples indigènes de l’Amazonie, Via Campesina, le MST, iBase, la CIDSE, le Conseil œcuménique des Eglises, ACT alliance, de nombreuses ONG partenaires de Pain pour le prochain présentes à Rio, tout cela représente un terreau fertile pour que des changements interviennent.

Cette société civile a sonné le réveil ici au Sommet des peuples, et le «dring dring» a été entendu jusqu’au Riocentro où les négociations ont eu lieu. Grâce à nos responsables de politique de développement, la voix de la société civile était directement présente dans cet illustre endroit.

«L’avenir que nous voulons» devra de ce fait tenir compte de la finitude de la condition humaine et des limites à l’exploitation des ressources naturelles.

* Secrétaire romande de Pain pour le prochain.

1 http://dialogue4change.org/

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