Agora

«Non» à une loi qui attaque nos libertés!

AGORA GENEVE • La droite parlementaire qui soutient la loi contre les manifestations en votation le 11 mars est coresponsable de la «casse sociale et environnementale» planétaire, accuse Eric Decarro.

Je voudrais dénoncer par cette lettre le double mensonge des partisans de la loi sur les manifestations. Selon la brochure officielle, la loi aurait quasiment pour but de «protéger les manifestations» et d’«assurer à la fois le respect de l’ordre public et l’exercice des libertés d’opinion et de réunion». Il n’en est rien! En réalité, la loi renforce unilatéralement le pouvoir du Département de la police et restreint drastiquement nos libertés fondamentales.
Quant à l’argument-slogan «Qui casse paie», c’est un mensonge grossier: la loi s’en prend en fait aux organisateurs/trices de manifestations et à leurs associations, menacés d’amendes jusqu’à 100000 francs et d’interdiction d’autorisation jusqu’à cinq ans, et ceci, même sans faute de leur part, ce qui constitue une atteinte grave à leurs droits de citoyen-ne-s.
La droite joue sur la peur pour attaquer nos libertés; elle sait parfaitement que les organisateurs/trices ne sont nullement responsables des débordements qui ont pu se produire tant lors du G8 que lors de la manifestation contre l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2009. Mais elle n’hésite pas à pratiquer l’amalgame.
Ce qui est vrai, par contre, c’est que les mêmes milieux qui veulent nous imposer cette loi liberticide sont, eux, coresponsables d’une véritable «casse sociale et environnementale» au niveau mondial: ils accueillent et favorisent par leurs politiques fiscales complaisantes les activités hautement prédatrices des financiers, multinationales et autres sociétés de négoce international qui spéculent sur la dette des Etats, sur les matières premières ou sur les produits alimentaires, brisant des vies, affamant les populations des pays pauvres, détruisant l’environnement et acculant des populations entières au désespoir.
Dans notre canton, ce modèle de développement qui ne profite qu’à une minorité exacerbe tous les problèmes sociaux qui affectent les milieux populaires: crise du logement, vie chère, chômage pour les catégories plus faiblement qualifiées, paupérisation d’une partie importante de la population.
Ce n’est pas un hasard si cette loi qui veut nous retirer des moyens de lutte est votée par la majorité de droite du parlement dans cette période de crise; c’est aussi un signe que les possédants comptent bien nous imposer de nouveaux sacrifices pour sauver leur système mortifère et leurs profits!
Pour toutes ces raisons, il faut voter et faire voter «non» à cette loi contre les manifestations!

* Militant anticapitaliste, Genève.

Opinions Agora Eric Decarro

Connexion