C’est open bar pour l’industrie suisse d’armement, comme l’affirme justement le conseiller national socialiste Pierre-Alain Fridez.
Mardi, la majorité de droite du Conseil national a entériné un projet de modification de la loi fédérale sur le matériel de guerre. Un «changement de paradigme», s’est réjoui l’UDC valaisan Jean-Luc Addor, qui siège au comité du lobby des armes ProTell. Désormais, la Confédération pourra exporter des biens militaires vers vingt-cinq Etats considérés comme «sûrs», même si ceux-ci sont impliqués dans un conflit international. Dans la liste, on trouve les Etats-Unis de Donald Trump, le principal allié du gouvernement génocidaire d’Israël, qui menace désormais d’attaquer la Colombie et le Venezuela. Question sûreté, on a vu mieux.
Le texte accepté par le National supprime en parallèle la garantie automatique de non-réexportation exigée jusqu’ici pour les armes made in Switzerland. Enfin, il introduit la possibilité pour le Conseil fédéral d’autoriser la vente d’équipements militaires à des pays en proie à une guerre civile, ou dont les régimes violent les droits humains.
Le texte final devrait être voté avant la fin de la session d’hiver, après élimination des divergences entre les deux Chambres. Tout indique que l’alliance UDC-PLR-Centre est décidée à balayer les garde-fous acceptés par le parlement en octobre 2021, sous la pression d’une initiative populaire. Ces limitations avaient été consenties après plusieurs révélations sur l’utilisation d’armes ou de biens à double usage fabriqués en Suisse dans le cadre de conflits meurtriers: l’Arabie saoudite a ainsi employé des fusils mitrailleurs helvétiques dans sa sale guerre au Yémen, qui a coûté la vie à plus de 11 000 enfants. La droite ouvre donc une boîte de Pandore: rien n’empêcherait, par exemple, les Etats-Unis de réexporter des armes ou munitions Swiss made vers l’Etat d’Israël, qui pourrait en faire usage contre la population palestinienne.
Ce tournant est le fruit des pressions du lobby militariste, épaulé par les principales organisations économiques du pays – notamment la faîtière de l’industrie des machines et de la métallurgie, Swissmem. Dans une ère marquée par le bellicisme et le renouveau du fascisme, le patronat helvétique semble prêt à tout pour maximiser ses profits – quitte à ce qu’ils soient teintés de sang. Pour le contrer, il sera décisif de soutenir avec force le référendum annoncé par la gauche.