Édito

Commerce de mort: le vote du bon sens

Commerce de mort: le vote du bon sens
On votera le 29 novembre sur l'initiative «Pour une interdiction du financement des producteur de matériel de guerre» . KEYSTONE
Votations fédérales

Outre l’initiative sur les multinationales responsables, les Suisses se prononceront le 29 novembre prochain sur un second texte visant à interdire le financement du matériel de guerre. La première fait un peu de l’ombre au second. C’est regrettable, mais on peut espérer un effet d’entraînement. Le vote progressiste qui, visiblement, se mobilise pour mettre de l’ordre dans les pratiques des multinationales pourrait, dans la foulée, venir en soutien à ce texte pacifiste.

L’initiative dite «Pour une interdiction du financement des producteurs de matériel de guerre» n’a qu’un défaut: sa portée est trop modeste. Elle ne concerne que les acteurs étatiques et para-étatiques, comme les fonds de prévoyance, l’AVS-AI ou la Banque nationale. Les premiers se sont souvent déjà donnés des règles éthiques en la matière; la dernière serait de toute façon bien inspirée de réorienter sa politique de placement vers des critères plus durables.

L’initiative a le soutien des partis progressistes et des milieux pacifistes. En face, les partis de droite font bloc. Et versent des larmes de crocodile sur les caisses de pension, qui verraient leurs investissements péjorés, ou les PME, qui seraient menacées. Une sollicitude qui doit nous mettre la puce à l’oreille. Lorsque ces forces antisociales commencent à mettre en avant les petites gens, il y a généralement anguille sous roche.

La méfiance est d’autant plus grande lorsqu’on constate que ces mêmes formations n’ont de cesse de détricoter les normes qui permettent de réguler les aspects les plus choquants du trafic d’armes. Par exemple, en 2018, avec une proposition d’ouvrir la porte au négoce avec des pays en guerre, ce qui est proscrit par le droit suisse, pour autant – on est prié de ne pas rire – que ces armes ne soient pas utilisées dans le conflit…

Face à cette prédominance de l’appât, pour modeste qu’elle soit, l’initiative soumise au peuple à la fin du mois apporte sa pierre à l’édifice. Pour faire court: veut-on contribuer à résorber ce commerce de mort ou non? Oui, il y aura peut-être quelques effets collatéraux en termes de pertes d’emplois. Il est aisé d’y pallier en organisant des programmes de reconversion. Simple question de volonté et qui devrait lever les derniers doutes des hésitants en ces temps de crise économique.

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Commerce de guerre

jeudi 12 novembre 2020
Les Suisses voteront le 29 novembre prochain sur l'initiative lancée par le GSsA «Pour une interdiction du financement des producteurs de matériel de guerre».

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