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Privilèges de l’avion, handicaps du train

On doit aux compagnies low cost comme Easyjet (bien implantée à Genève Cointrin), l'écart important entre les coûts des voyages en avion et en train. KEYSTONE
Transports

Voyager en train reste plus cher que l’avion pour les trajets européens. Pour la seconde fois, Greenpeace a comparé1>Lire son rapport publié jeudi : Greenpeace Europe, « Flying cheap, paying dare: how airlines undercut rail and fuel the climate crises». quelque 142 liaisons dans 31 pays européens. Les résultats montrent que dans 54% des cas, le train est plus cher. Avec en sus un biais. Les bons résultats du train se concentrent sur quelques régions situées en Europe centrale ou orientale, comme les pays baltes ou la Pologne. La Suisse, du fait de sa situation géographique centrale, se situe dans la moyenne. Mais, relève Greenpeace, la gare genevoise de Cornavin est mal connectée et n’offre aucun train de nuit. Enfin, l’Espagne est mauvais élève: le trajet Barcelone-Londres coûte vingt-six fois plus cher en train qu’en avion!

Un écart dû aux compagnies low cost comme Easyjet (très implantée à Genève Cointrin) ou Ryanair. Ces actrices du trafic aérien maintiennent des coûts très bas, notamment en procédant à du dumping social – les pilotes sont considérés comme des indépendants engagés à la tâche, à l’image du système Uber –, fiscal – elles se domicilient dans des paradis fiscaux comme Malte ou l’Irlande –, et syndical – tout est fait pour bloquer le travail des associations du personnel.

Et, surtout, elles bénéficient de toute une série de subventions occultes. Ne serait-ce qu’en échappant à la TVA ou aux taxes sur le kérosène pour les vols internationaux. Contrairement au train, qui est taxé sur la valeur ajoutée, sur l’énergie et soumis à des péages pour l’utilisation du réseau ferroviaire.

Une absurdité: les vols émettent en moyenne cinq fois plus de CO2 par passager-kilomètre que les trains. Et l’impact climatique de l’avion peut être jusqu’à 80 fois plus élevé que le rail. Les bénéfices engrangés par les compagnies aériennes se font au détriment de l’environnement et du social. Les auteurs de l’étude plaident donc pour une inversion des tendances.

Pour dégager les fonds nécessaires à cela, Greenpeace estime nécessaire de taxer l’aviation. Et notamment les vols en classe affaire, ce qui éviterait de pénaliser les petits revenus qui peinent déjà à rendre visite à leurs familles. Une taxe sur super-riches est aussi évoquée. En effet, 1% de la population mondiale, les multimilliardaires, est responsable de davantage de pollution que 66% des habitants de la terre.

Un tel impôt serait doublement vertueux: il dégagerait des fonds nécessaire, avec une fonction redistributrice, tout en jouant un rôle régulateur. Vertueux sur le plan environnemental mais utopique? Peut-être, mais tellement nécessaire. Et cette double fonction est précisément celle de la philosophie de base de l’impôt. On a trop tendance à l’oublier en ces temps de moins d’Etat.

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