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Consentant·es ou complices?

Ignazio Cassis lors de son entretien au 19h30 de la RTS ce mardi 03 juin 2025. © rts.ch
Suisse

Il a fallu se pincer pour être sûr d’être éveillé en entendant, mardi soir, le ministre suisse des Affaires étrangères, Ignazio Cassis, répondre aux questions de la RTS. Un exercice de langue de bois, d’affirmations péremptoires et de contre-vérités. Le Courrier s’est livré à un exercice de fact-checking. Le résultat est accablant.

Tout d’abord, parce que le conseiller fédéral prend passablement de libertés avec les faits, pour ne pas utiliser le gros mot de mensonges. Notamment lorsqu’il affirme avoir dénoncé les violations du droit international depuis le début de l’assaut contre Gaza, alors qu’en janvier 2024 encore, devant le Conseil de sécurité de l’ONU, il se refusait à condamner les violations  du droit humanitaire par l’Etat hébreu. Lorsqu’il renvoie dos à dos Israël et le Hamas en matière de responsabilité dans le blocage de la délivrance de l’aide humanitaire, alors que le blocus est imposé par le gouvernement de Benjamin Netanyahu. Ou lorsqu’il laisse entendre que les tirs sur les Palestinien·nes durant la distribution d’aide ne seraient pas identifiés, alors que l’armée israélienne en a finalement admis la responsabilité.

Cela en dit long sur la position d’un Conseil fédéral incapable d’adopter une position sur le génocide en cours, en se réfugiant opportunément derrière la sacro-sainte neutralité helvétique. On l’a vu moins pointilleux lorsqu’il s’est agi de condamner l’invasion de l’Ukraine. Deux poids, deux mesures.

Ce déni de réalité est indigne. Un génocide est en cours et le ministre des Affaires étrangères se cache derrière son petit doigt en justifiant le fait de ne pas avoir signé la lettre paraphée par 22 Etats qui exige la fin du blocus de Gaza. Voire en se montrant complaisant avec la partie qui procède à un nettoyage ethnique. Ne pas réagir est aussi une forme de complicité qui pourrait se retourner un jour contre la Suisse.

A ce stade de déni et de discours lunaire, la question de la pertinence de la présence du Tessinois au Conseil fédéral mérite une nouvelle fois d’être questionnée. Et, au-delà, dans le pays de la concordance et de la collégialité, c’est le silence du reste de l’équipe gouvernementale qui afflige. Car qui ne dit mot consent.

Particulièrement, à défaut d’un désaveu collectif, le silence consternant des deux socialistes minoritaires à l’exécutif fédéral dérange. Si on ne rompt pas la collégialité en réaffirmant des valeurs élémentaires d’humanité et de dignité humaine face au massacre en cours, quand le fera-t-on?

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