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Pour un 1er Mai antifa

Défilé du 1er Mai en 2022 à Lausanne. KEYSTONE
1er Mai

Ce 1er mai, Journée internationale des travailleuses et travailleurs, le mouvement ouvrier se compte. Les traditionnels défilés seront placés sous le slogan «La solidarité plutôt que la haine, l’union fait la force». Un mot d’ordre qui a été musclé dans certaines régions, à l’instar de Genève où la banderole de tête affichera plus prosaïquement «Contre les fachos et les abus patronaux, défendons les salaires, pas les frontières ».

C’est que l’heure est à l’urgence, l’extrême droite progresse, chez nos voisins français, avec un Rassemblement national quasiment aux portes du pouvoir, en Allemagne avec un parti néo-nazi, l’AfD, soutenu par une partie du bloc bourgeois, ou aux Etats-Unis, avec l’arrivée de Trump II aux manettes.

Les masques sont tombés outre-Atlantique, avec le salut nazi décomplexé d’Elon Musk, les déportations de milliers de personnes dans des conditions souvent illégales et l’instauration d’un Etat qu’on dirait tout droit sorti de 1984 d’Orwell.

C’est bien la démocratie qui est menacée. Dans son fonctionnement institutionnel – les attaques contre le pouvoir judiciaire en sont un exemple, avec les images terribles d’une juge sortant du tribunal, les menottes aux poignets escortée par le FBI –, mais aussi et surtout dans ses principes fondamentaux. Ceux qui postulent une égalité des droits de toutes et de tous, notamment, plutôt que les privilèges de quelques uns.

Le dossier européen, qui revient sur le devant de l’actualité avec les Bilatérales III, en est un autre exemple. Hier, le Conseil fédéral a admis que ce texte devrait être soumis au peuple. Mais selon un processus un peu particulier, avec une majorité simple, uniquement celle du peuple, en lieu et place de la double majorité incluant celle des cantons.

L’Union démocratique du centre (UDC) a hululé au déni démocratique. Il y a sans doute beaucoup à redire sur certains aspects de ce rapprochement avec l’Union européenne. Mais il convient aussi de rappeler que la feuille de route du parti blochérien, qui se place en défenseur des droits démocratiques, est bien d’extrême droite. Elle s’inscrit en faux contre l’octroi de droits aux travailleuses et aux travailleurs. Par exemple, un salaire décent. Acoquiné à un PLR en mal de populisme, son but est de démanteler les timides salaires minimaux arrachés par voie d’initiatives dans les cantons de Genève et de Neuchâtel. Le rêve udéciste est bien de rétablir une main-d’œuvre sans droits – le bon temps des saisonniers– que l’on peut pressuriser, menacer et exploiter.

Un rappel utile qu’il ne faut pas céder à la désignation de boucs émissaires. S’attaquer aux plus faibles vous revient illico presto en boomerang. L’exemple étasunien est là pour nous le rappeler, avec sa cohorte d’imbéciles heureux qui ont voté pour le candidat orange et s’étonnent, mais un peu tard, de ce qui leur arrive en pleine figure.