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Gaza: le signal espagnol

Des Palestiniens recherchent des corps dans un immeuble détruit par les bombardements israéliens ce jeudi 24 avril. KEYSTONE
Israël 

L’Espagne annule un contrat d’armement d’une valeur de 6,8 millions d’euros avec l’entreprise israélienne IMI Systems. Le gouvernement de Pedro Sánchez s’expose à des pénalités, mais tient bon. Il réaffirme son soutien ferme à la cause palestinienne, après avoir reconnu l’Etat de Palestine en mai 2024.

En renonçant à acheter des munitions au fournisseur principal de l’armée israélienne, le gouvernement espagnol envoie un signal fort: pas question de commercer avec un Etat qui tue et mutile les civils de Gaza – et de Cisjordanie –, chaque jour par dizaines, avec la complicité de la plupart des chancelleries occidentales.

Mais que pèse cette décision face aux milliards injectés par les Etats-Unis dans la machine de guerre israélienne? S’y ajoutent les fournitures allemandes, britanniques et françaises, contributions européennes à l’entreprise génocidaire de Benjamin Netanyahou. Ces trois pays, mercredi, ont exhorté Israël à cesser le blocage de l’aide humanitaire vers Gaza, sans y assortir la moindre menace de sanction. Une gesticulation de plus.

De prison à ciel ouvert, la bande côtière, en dix-huit mois, s’est muée en gigantesque charnier. La famine y sévit désormais, condamnant plus d’un million d’enfants à la malnutrition et aux maladies. «L’aide humanitaire est utilisée comme une monnaie d’échange et une arme de guerre», dénonce le chef de l’Unrwa, Philippe Lazzarini. Ce crime contre l’humanité est commis sous les yeux du monde, en direct, rythmé par les bombardements meurtriers.

La fronde qui monte, non plus seulement de la rue israélienne, mais de plusieurs corps d’armée et d’anciens membres du renseignement, fait naître l’espoir de voir cesser le martyre de Gaza. Mais les vies palestiniennes sont absentes des revendications, le retour des otages occultant toute empathie. L’examen de conscience viendra plus tard et ébranlera sans nul doute une société israélienne qui se voit en victime et non en bourreau – or l’un n’empêche pas l’autre.

Dans l’immédiat, seules comptent les vies civiles à préserver. Une population gazaouie à aider de toute urgence, et des captifs israéliens à rendre à leurs familles. Qui pour tordre le bras d’un Netanyahou prêt à toutes les surenchères dans le but d’assurer sa survie? Si ce n’est Trump, au moins l’Europe, dans un sursaut moral et politique? Et la Suisse, scandaleusement passive, pourtant dépositaire des Conventions de Genève censées protéger les populations civiles de la folie guerrière? Que Berne rompe avec sa lâcheté et son cynisme, et s’inspire de Madrid!