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L’extrême droite se lâche

L'extrême droite galvanisée au premier «sommet des Patriotes pour l’Europe». KEYSTONE
Europe

Marine Le Pen, Matteo Salvini, Viktor Orbán ou encore Geert Wilders. Dans une ambiance survoltée, plusieurs des principales figures de l’extrême droite se sont réunies le 8 février à Madrid, lors du premier «sommet des Patriotes pour l’Europe».

Le slogan adopté, «Make Europe Great Again», ne laisse aucun doute sur leur objectif: marcher dans les pas du duo Trump-Musk, dont une des premières initiatives a été d’organiser une campagne de rafles et de déportations visant la population immigrée.

«Hier, nous étions les hérétiques; aujourd’hui, nous sommes mainstream. Les gens pensaient que nous représentions le passé, aujourd’hui, tous voient que nous sommes le futur», exultait le premier ministre hongrois Viktor Orbán. Les points saillants de ce futur radieux? Une lutte encore plus féroce contre l’immigration, sur fond de racisme structurel et de colonialisme belliciste – propagés sans filtre sur les réseaux sociaux avec la bénédiction des milliardaires de la tech; le négationnisme climatique et le rejet des Accords de Paris; le combat contre les droits des femmes et des LGBTQIA+; la défense de la «culture chrétienne» et l’islamophobie. Les conférenciers ont été moins diserts sur un autre pilier de leur agenda: les attaques contre les droits démocratiques et sociaux.

A la tête de plusieurs Etats européens – Italie, Pays-Bas, Hongrie et Suède notamment –, l’extrême droite veut étendre son pouvoir à l’ensemble du Vieux Continent. Pour concrétiser son objectif, elle compte sur le basculement de la droite traditionnelle. Non contents de s’être alignés sur le logiciel xénophobe des formations néofascistes, les partis bourgeois s’attellent en effet à briser les digues érigées après 1945 face à la mouvance brune. Ce tournant, aussi lâche que dangereux, se déroule sous nos yeux en Allemagne, en Autriche et en France. Il bénéficie du soutien d’une part croissante de la classe capitaliste, qui y voit un moyen de maintenir ses profits gargantuesques dans un monde en crise.

Cette dérive passe aussi par la Suisse. Début février, Ueli Maurer a affirmé publiquement son soutien à Alice Weidel, la dirigeante de l’AfD – le parti allemand qui a adopté un slogan nazi et prône une «remigration» massive. L’ex-conseiller fédéral UDC a sûrement de bons conseils à distiller à ses ami·es. Se profilant désormais ouvertement à l’extrême droite, sa formation, qui a revendiqué ce week-end la sortie des Accords de Paris sur le climat, imprime un cours toujours plus réactionnaire et xénophobe à la politique helvétique. Très souvent en faisant alliance avec le parti historique de l’élite économique suisse: le PLR. L’argent n’a décidément pas d’odeur.

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