Skip to content

Le Courrier L'essentiel, autrement

Je m'abonne

Préparation au nettoyage ethnique

Des Palestinien·nes marchent dans le camp de réfugié·es de Jabaliya, au nord de la bande de Gaza, le 30 janvier dernier. KEYSTONE
Gaza

La dernière outrance de Donald Trump annonçant son intention de procéder au nettoyage ethnique de la bande de Gaza ne peut être prise à la légère. Si une occupation directe par l’armée étasunienne semble peu probable, le message adressé au premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, est clair: la première puissance mondiale l’encourage à expulser tout ou partie des quelque 2,2 millions de Gazaoui·es hors de l’enclave.

Une velléité posée dès le mois de novembre 2023, après les attaques criminelles du Hamas. Le premier ministre israélien avait alors chargé Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques, d’élaborer un plan pour «réduire la population de Gaza au minimum», selon le quotidien Israel Hayom, réputé proche de Benjamin Netanyahou1>Lire «Pour Gaza, Trump prône l’épuration ethnique», Gwenaelle Lenoir, Mediapart, 5 février..

A l’époque, il fallait contourner le refus de Joe Biden. La voie est libre désormais. D’autant que Donald Trump n’ a pas agi sur un coup de tête, mais aiguillé par nombre de ministres et de responsables qu’il a nommé·es, proches des cercles les plus à droite de la politique israélienne.

Reste à évaluer maintenant la faisabilité de ce nouveau crime contre l’humanité annoncé, après celui du génocide commis contre les habitant·es de Gaza. Le premier obstacle réside dans la force de la résistance palestinienne, tant à Gaza qu’en Cisjordanie. Déplacé·es par Israël en 1948 vers l’enclave, les Gazaoui·es ne sont pas prêt·es à un nouvel exode forcé et ne se laissent pas faire. A tel point qu’en dépit de l’ultrasupériorité militaire d’Israël, de son affranchissement du droit international humanitaire et de son approvisionnement continu en armes par les Etats-Unis et l’Allemagne, Israël a connu une véritable défaite à Gaza. Bien qu’affaiblis, les groupes armés palestiniens restent opérationnels, nourris par la colère engendrée par les massacres de civils.

Le second accroc pour Donald Trump vient du refus catégorique de l’Egypte et de la Jordanie, seuls Etats à pouvoir «accueillir» les Gazaoui·es. Il n’est cependant pas impossible pour les Etats-Unis de leur tordre le bras, en raison de leur forte dépendance aux dollars et aux armements.

Le dernier garde-fou devrait être un soulèvement moral: les Etats européens et d’autres puissances vont-ils enfin s’opposer aux barbaries commises contre les Gazaoui·es, après avoir couvert un génocide? Il faut l’espérer. La Suisse, elle, continue sa politique d’acquiescement tacite. Le Département fédéral des affaires étrangères s’abstient de réprouver l’appel au nettoyage ethnique de la Maison Blanche: «Si ces déclarations sont véritablement suivies de faits concrets … là ce sera le moment de prendre position», a déclaré jeudi son porte-parole, Nicolas Bideau. Toute honte bue.

Notes[+]

Dossier Complet

Les combats entre Israël et le Hamas se poursuivent

Israël-Palestine: l’explosion

«La cocotte minute de l’oppression coloniale a explosé le 7 octobre dernier.» Tous nos articles sur le conflit entre le Hamas et Israël.