Aide aux médias, un tabou?
Quel avenir pour la presse romande et, plus largement, suisse? Le Courrier organise ce mercredi deux tables rondes sur la question des médias. Notre contribution à un débat indispensable mais qui peine à déboucher sur des solutions concrètes. Un appel sera également lancé à cette occasion.
Car il y a urgence. Le temps politique étant lent par essence, les propositions qui ont été formulées ces dernières semaines à la suite de la énième crise du secteur – frappant 24 heures, la Tribune de Genève et les imprimeries de Bussigny, cette fois – risquent de prendre plusieurs années. Et encore, si elles aboutissent au nécessaire consensus, ce qui est loin d’être assuré. En attendant, les titres disparaissent, fusionnent ou se retrouvent dans des situations de dépendance dangereuses.
Les récentes annonces de TX Group ont consterné les édiles politiques. Mais ces derniers se retrouvent singulièrement démunis lorsqu’il s’agit de proposer des solutions durables. Peut-on injecter de l’argent public dans des groupes privés qui versent des dividendes? C’est évidemment une question sérieuse, qui doit être posée en termes de diversité des titres et des opinions.
Le Courrier propose donc cette soirée pour voir si, au-delà de la concurrence entre journaux, un terrain d’entente peut être trouvé afin de préserver un secteur des médias qui joue un rôle si important dans une démocratie semi-directe telle que la Suisse. Les récentes élections aux Etats-Unis ont montré la dérive qu’entraîne une déshérence médiatique: multiplication des fake news, complotisme, dégradation du niveau des débats et occultation des enjeux fondamentaux au profit d’une personnalisation à outrance.
Une série de défis communs sont identifiés: comment financer une transition numérique inéluctable, mais dont personne ne sait la forme qu’elle prendra? Comment garantir la poursuite de l’aide publique pour la distribution des journaux papier par la Poste? Ce service est de plus en plus onéreux et de plus en plus dégradé – le facteur ou la factrice passe désormais l’après-midi dans certaines régions.
Et, à notre avis, le tabou de l’aide directe doit être ébranlé. Des subventions au fonctionnement des rédactions existent dans plusieurs pays voisins. En France, par exemple. La Suisse aide l’agriculture pour que sa population puisse se nourrir un tant soit peu dans un rapport de proximité; la démocratie mérite sans doute les mêmes égards.
Deux débats successifs mercredi 13 novembre, Maison des associations, Genève, «Entre urgence et action, l’avenir de la presse régionale»
>18h,«Quelles solutions pour sauver la presse», réunissant des rédacteur·trices en chef;
>20h30, «Quel rôle pour les acteurs politiques et économiques?» avec des intervenants politiques, à savoir les chef·fes des finances du canton de Genève et de la Ville, et deux éditeurs. Toutes les infos sur lecourrier.ch/soireepresse