Violet, couleur d’espoir
Ce 14 juin, les rues suisses se pareront de nouveau de violet à l’occasion de la Grève féministe. L’accent sera entre autres mis sur le conflit au Proche-Orient et la nécessaire solidarité avec le peuple gazaoui victime d’un génocide en devenir.
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L’occasion de faire le point sur certaines convergences des luttes. Lors des occupations des universités romandes, ce sont des femmes qui étaient souvent aux avant-postes. Une nouvelle génération de militantes, très jeunes, parfois racisées, s’est illustrée dans la solidarité avec la Palestine et a dénoncé avec des mots justes l’horreur en cours. Elles ont amené un discours politique sans concessions, se sont démarquées par leur détermination et leur résilience face à des accusations souvent outrancières. Elles doivent être un exemple pour nous tous et toutes.
Elles ont tenu bon malgré des attaques dont on ne sort pas indemnes. C’est que leur engagement ne sortait pas de nulle part. Certaines de ces jeunes femmes qui étaient aux premières loges des occupations se sont politisées au sein des grèves féministes précédentes. Le mouvement leur a offert un espace de formation et de politisation, comme elles nous le racontent.
Et la vague violette a aussi obligé les syndicats, dont de nombreuses membres avaient joué un rôle d’impulsion dans la grève de 2019, à une introspection quant à leurs propres fonctionnements. Avec des acquis. Par exemple l’inversion de la position de leurs instances dirigeantes sur le relèvement de l’âge de la retraite. Certes, le vote ultime sur AVS 21 a été perdu. Mais la victoire sur la treizième rente en mars dernier doit aussi à cette conscientisation et à cette mobilisation. Il est des défaites qui peuvent se transformer en victoire sur le long terme.
Ces moments de politisation sont structurants. Parmi les plus âgé·es, nombreuses et nombreux sont celles et ceux qui disent que leur vie n’a pas été la même après Mai 68 et la mobilisation qui a suivi. La Grève féministe doit aussi être comprise sur la durée, dans sa globalité. Après la grande manifestation de 2019, les femmes sont chaque année au rendez-vous pour montrer qu’elles ne lâcheront rien. Elles savent que le combat est de longue haleine et que la lutte est de chaque instant. Mais chaque succès est une victoire collective.
Sur le court terme, on constate que les rapports sociaux évoluent, MeToo oblige; sur le long terme, le chantier reste bien sûr immense pour que le monde change de base. Nul doute qu’il sera imprégné de violet.