Édito

Mépris d’Etat

Mépris d’Etat
Le Conseil d'Etat genevois in corpore, ici en novembre 2023, veut revoir la clé de répartition des cotisations pour le système de prévoyance de la fonction publique. KEYSTONE
Conseil d’Etat genevois

La décision est problématique sur le plan institutionnel, politique et gouvernemental. Le Conseil d’Etat genevois a décidé, mercredi, de revoir la clé de répartition des cotisations pour le système de prévoyance de la fonction publique. Actuellement, celles-ci sont prises en charge à raison de deux tiers par l’employeur et un tiers par les employé·es. Le but est de passer à un ratio de 58% contre 42%.

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D’un point de vue institutionnel, ce coup de force – qui doit maintenant entamer son périple parlementaire – frise le code. Il intervient cinq ans seulement après le vote populaire sur la création de la Caisse de pension de l’Etat de Genève (CPEG). A l’époque, les fonctionnaires avaient déjà dû accepter un baisse notable des prestations qui leur étaient garanties. Contestée par une partie du monde syndical, la loi avait été acceptée par 53% des votant·es. Y revenir équivaut à mépriser les organisations qui avaient alors défendu ce projet. Un coup de poignard dans le dos du partenariat social, principe souvent invoqué mais peu appliqué.

Il s’agit ensuite d’un message peu amène que l’Etat-employeur envoie à la fonction publique. Car cette réforme impliquera une baisse des salaires comprise entre 1,7% et 3% pour les personnes concernées, à savoir les nouveaux employés uniquement. Le but est bien sûr de diviser pour mieux régner. Pas sûr que cela prenne. Le gouvernement a d’ores et déjà raboté les salaires de la fonction publique de 1,56%, en ne compensant que partiellement le renchérissement. Cette volonté n’est pourtant dictée par nulle urgence au vu du bénéfice de 1,4 milliard engrangé l’an passé!

Manifestement, le but de la majorité de droite est de profiter de l’aubaine, sa majorité automatique, et d’avancer ses pions sur l’échiquier politique pour rattraper le temps perdu. Le statut de la fonction publique sera sans doute à nouveau attaqué et il faudra s’attendre, dans le privé, à des attaques similaires. L’heure de fermeture des magasins – autre grigri idéologique – risque de revenir sur le tapis. Et quid du salaire minimum arraché au bout du lac par voie d’initiative?

Pour l’heure, la branche la plus fanatisée de cette majorité néolibérale a perdu des votes. Par exemple sur le périmètre PAV. Cela ne semble pas lui servir de leçon. Pas plus que la victoire syndicale et politique de la gauche sur la 13e rente au niveau fédéral.

La dureté de ces attaques aurait mérité une rupture de la collégialité de la part des trois élu·es de gauche. Et, surtout, elle suppose le maintien et le développement d’un front unitaire à gauche. Qu’il s’agisse de sa composante institutionnelle, mais aussi des forces politiques non représentées au parlement.

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