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Pour l’amour d’une même terre

Le 7 octobre a ouvert un chapitre d’une violence inédite au Proche-Orient. Aux 1200 victimes dénombrées en Israël des suites de l’attaque du Hamas s’ajoutent les plus de 27 000 morts causés par la guerre de représailles de Tel-Aviv. Du rêve sioniste à l’anéantissement de Gaza, le nouveau numéro de Manière de voir* remonte aux sources du conflit israélo-palestinien et remet en perspectives les grandes séquences d’un engrenage toujours plus meurtrier.
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Cent jours après ses débuts, l’offensive de Tel-Aviv à Gaza se poursuivait sans la moindre issue en vue. Au 25 janvier, cette campagne de représailles avait déjà causé près de 25 000 morts et plusieurs dizaines de milliers de blessés dans l’enclave, dont les infrastructures et les habitations ont été ravagées par les bombardements. A ce bilan effroyable s’ajoutent les 1200 victimes dénombrées après l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, la plus brutale à avoir jamais été perpétrée en territoire israélien.

Par l’acharnement de ses protagonistes et la magnitude des pertes en vies humaines, cette guerre marque un tournant dans l’histoire tourmentée des relations israélo-palestiniennes depuis 1948. Du rêve sioniste apparu à la fin du XIXe siècle à l’anéantissement en cours de Gaza, la nouvelle livraison de Manière de voir dissèque les grandes séquences d’un engrenage qui s’est révélé toujours plus meurtrier. Ce numéro est composé d’archives, d’analyses et de reportages inédits, qui entrent en résonance avec une sélection audacieuse de photographies. Une chronologie exhaustive et de nombreuses cartes détaillées apportent des clés de compréhension indispensables.

Le premier chapitre rend compte de l’enchaînement sans fin d’épreuves auxquelles les Palestiniens ont été confrontés, du plan de partage des Nations unies à aujourd’hui: guerres, expulsions, colonisation, massacres, destructions, emprisonnements arbitraires et luttes fratricides. Un chemin de croix qui, à mesure que s’enrayait le processus de paix amorcé par les pourparlers d’Oslo, a fini par avoir raison de leurs aspirations à une nation indépendante.

La deuxième partie éclaire la manière dont Israël, un Etat né de la volonté d’offrir un havre de sécurité aux Juifs du monde entier, s’est transformé en démocratie fragile. Prisonnier de l’idéologie hégémonique des plus extrémistes de ses concitoyens, le pays traverse désormais une crise existentielle à laquelle le choix de la force n’apporte aucune des réponses attendues.

La troisième partie, enfin, s’attache à l’analyse des répercussions de ce conflit interminable sur l’ensemble du Proche-Orient. Qu’elles aient opté pour la voie de la normalisation, quand d’autres demeuraient en situation de belligérance ouverte avec Tel-Aviv, les nations arabes se sont collectivement distinguées par leur inertie depuis le 7 octobre, leurs appels à la désescalade étant restés bien trop insignifiants pour juguler la tragédie de Gaza.

* «Israël, Palestine. Une terre à vif», Manière de voir, no 193, février-mars 2024, bimestriel édité par Le Monde diplomatique, www.monde-diplomatique.fr/mav/193/

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