Édito

Ok vroomer

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KEYSTONE/IMAGE D'ILLUSTRATION
Routes

Le syndrome du rétroviseur. Le Conseil des Etats a traité, après un passage au National, le projet de développement routier demandé par l’exécutif fédéral. Quelque 5 milliards de francs sont prévus dans ce paquet, qui s’inscrit dans un cadre budgétaire plus vaste portant sur 35 milliards de dépenses pour la route ces prochaines décennies. Les associations de défense de l’environnement et la gauche brandissent la menace d’un référendum. De fait, le vote de mercredi – le paquet repart au National – est le reflet d’une inconséquence politique certaine.

En pleine crise climatique, mettre autant de fonds dans le développement de la route est un non-sens. A double titre. Sur le plan de l’aménagement, ajouter des voies routières à celles déjà existantes ne résoudra pas les problèmes d’engorgement. Au contraire, cela génère un nouveau trafic qui vient s’encolonner à l’entrée des agglomérations saturées.

Et, surtout, le réchauffement climatique et ses conséquences mortifères exigent une réorientation de nos mobilités. En clair, développer l’offre en matière de rail et de bus. Cela suppose des choix au niveau des investissements, la prise en compte du rapport coût utilité. Ce que manifestement les sénateurs et sénatrices se montrent incapables de faire.

Mardi, l’ONG Greenpeace a diffusé un rapport édifiant montrant que depuis 1995, au niveau des pays européens, il y a eu 66% d’investissements de plus pour la route que pour le rail! Ce dernier a même reculé sur la période étudiée. Quelque 13’700 kilomètres de lignes de trains passagers ont été fermés, relèvent les auteurs de l’étude, le bureau T3 Transportation et l’Institut Wuppertal, un centre de recherche allemand. La Suisse n’a donc pas le monopole du court-termisme. Mais cela n’excuse en rien sa myopie politique et son incapacité à se projeter vers un avenir durable.

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