Édito

Reprendre notre dû

Reprendre notre dû
150 millions de francs finissent chaque année dans les poches d’actionnaires. (photo prétexte) KEYSTONE
Fiscalité

Imposer équitablement toutes les formes de revenus. C’est ce que vise l’initiative genevoise «Supprimons les privilèges fiscaux des gros actionnaires», soumise au vote le 12 mars. Le but est de taxer la totalité des dividendes perçus par les actionnaires qui possèdent 10% ou plus du capital d’une entreprise. Cela marquerait la fin d’un absurde privilège fiscal, sachant que seuls 70% de ces revenus sont aujourd’hui taxés, contrairement à celui de toute personne salariée qui, lui, est entièrement imposable.

Les arguments de la droite et des milieux économiques sont connus: les actionnaires seraient les «créateurs de valeur» du canton, c’est-à-dire les seuls – en injectant du capital – à pouvoir mettre en mouvement la production d’un bien ou d’un service. C’est donc tout naturellement que la hausse d’impôts sur les dividendes fragiliserait la croissance économique, en décourageant l’investissement.

Une étude, parue en 2021, réfute largement cette manière de voir. Basée sur la réforme fédérale de l’imposition des entreprises votée en 2008, elle montre que réduire la pression fiscale sur les PME pour encourager leur développement n’a eu aucun effet réel sur l’économie, sauf celui d’augmenter le montant des dividendes versés! De quoi démentir les affirmations péremptoires de la droite. Et affirmer une bonne fois pour toutes que les actionnaires ne créent pas la valeur, mais la captent. Aux dépens de qui? De celles et ceux qui bâtissent, soignent, triment et s’épuisent. Il serait grand temps qu’on la leur rende, cette valeur. A commencer par les quelque 150 millions de francs qui finissent chaque année dans les poches d’actionnaires plutôt que dans l’industrie et le service public local. Le 12 mars, ce sera l’occasion de reprendre une part de notre dû. Ne la manquons pas.

Opinions Édito Louis Viladent Fiscalité

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