Édito

Fait maison, c’est mieux

Fait maison, c’est mieux 2
Des salarié·e de Smood manifestent lors d'une action le jeudi 11 novembre 2021 à Lausanne. KEYSTONE
Travail

Le bras de fer entre les livreurs et livreuses travaillant pour Smood et l’entreprise de livraison se joue désormais devant les prud’hommes, après l’échec des négociations. En cause, selon le syndicat Unia qui les défend, les «tricheries» introduites pour compenser en partie les quelques progrès arrachés à la sueur des grévistes.

Le mouvement social, qui s’est décliné dans plusieurs villes romandes en novembre et décembre derniers, a largement mis en exergue la précarité dans laquelle ces petites mains de l’économie ubérisée sont placées.

En ne garantissant pas un taux de travail minimal, l’entreprise fait peser le risque sur celles et ceux qui, pourtant, assurent ses profits. Pire, en sous-traitant une part non négligeable de la main-d’œuvre à Simple Pay, elle impose des revenus et conditions à deux vitesses. Toutes les heures passées à espérer une course sont pour la pomme de l’employé·e.

Un livreur témoigne travailler six jours sur sept, entre cinq et sept heures, pas en bloc, bien sûr, et osciller entre 500 francs et 2 000 francs de revenus mensuels. Comment vivre ainsi à Genève? S’il était directement employé par Smood, il serait un peu mieux loti. Mais difficile de voir les choses dans ce sens: disons plutôt qu’un régime est moins pire que l’autre.

Alors que les autorités genevoises viennent d’imposer un contrat-type de travail au secteur de l’assistance au sol à l’Aéroport, on attend d’elles dans le dossier Smood une action résolument contraignante ou, à défaut, tonitruante.

Quant à la Migros, qui sous-traite une partie de la livraison à Smood dont elle est actionnaire à 30%, on voit qu’elle est beaucoup moins «proche des gens» que ses pubs ne le vantent à longueur de spots télévisés.

Reste le triste constat de la multiplication des courses en voiture, scooter, moto ou vélo pour acheminer des plats d’un bout à l’autre de nos villes et cantons.

Et si l’on descendait au bas de la rue chercher nous-mêmes la pizza du restaurant de quartier? Ou, mieux, si on la cuisinait nous-mêmes au lieu de cautionner un modèle économique qui pressurise les travailleurs et pollue la planète?

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