Pas de cadeaux aux moteurs
Ce n’est pas la première fois que le monolithique TCS monte aux barricades pour contrecarrer la mobilité douce en ville. Il faut dire que le champion toute catégorie de la bagnole, avec son vieux pote l’ACS, est un habitué du genre. Un précédent avait déjà eu lieu il y a deux ans lorsqu’une large bande cyclable, avait été tracée sur le quai du Mont-Blanc en direction du pont dans la première phase des restrictions liées au Covid-19.
Il a récemment remis la compresse au sujet de la voie cyclable judicieusement créée sur l’axe du boulevard Georges-Favon au début des Terreaux-du-Temple parce qu’elle entrave le bon écoulement du trafic contrevenant à l’article 190 de la Constitution qui veut que l’Etat respecte, sans favoritisme, le mode de déplacement de chacun. Le Tribunal administratif a d’ailleurs validé dans ce sens le recours de cet opposant poids lourd des quatre roues.
C’est très bien tout ça, mais peut-être que le hic, compte tenu de l’urgence climatique, voudrait que d’autres arguments soient utilisés pour apprécier le fond de cette affaire et que l’article de la Constitution évoqué, finalisée en 2013 après deux années d’intenses cogitations. Et aussi admettre qu’il n’est plus au diapason de l’accélération du problème de l’émission de gaz à effet de serre. Il faut dire qu’il y a une bonne excuse pour qu’il en soit ainsi, car un rapport alarmiste secret sur une telle issue avait été produit en 1970 par un grand consortium pétrolier américain qui laissait entendre que si aucune mesure n’était prise, des répercussions catastrophiques pourraient se produire au début du nouveau millénaire. Vous avez bien lu, début du nouveau millénaire donc pas 2030 ou 2050. Nous sommes, sans l’avoir jamais su, déjà dans le dur du problème. Autrement dit au cœur de cette réalité effective du changement climatique.
Dans de telles circonstances, il n’y a plus à attendre mais à agir de toutes nos forces, toute notre volonté, toute notre conviction pour enrayer l’inéluctable. Peut-être bien que celui-ci passe par l’accélération de la mobilité douce et le renforcement des transports publics gratuits au détriment de toute motorisation, fusse-t-elle-même électrique. Régénérons la vie par les déplacements à pied ou à la force des mollets pour rendre cette ville, notre ville, plus vivable. Cela passe par l’éducation bien entendu, mais aussi par des dispositions drastiques et contraignantes à toute autre circulation, comme celles prises au bd Georges-Favon. Ne poussons pas des cris d’orfraie, mais retroussons-nous les manches ensemble pour qu’il en soit ainsi. N’en déplaise aux instances qui nous mettent en danger en voulant de manière irresponsable le contraire.
Léon Meynet,
Chêne-Bougeries (GE)