On nous écrit

Un feu malvenu

Noémie Frauenfelder se demande quelle mobilité prône réellement le Grand Genève.
Mobilité

Prise entre deux feux, celui placé à Certoux et celui placé à Soral, je vous écris pour vous dire ma colère mais surtout mon inquiétude vis-à-vis de la gestion par nos autorités des réalités du Grand Genève.

Jusqu’ici le trafic, bien que dense, restait fluide aux petites douanes. Restait à trouver une solution de détection pour les véhicules de sens inverse aux heures de pointe.

Du calme, on nous dit de part et d’autres de la frontière, on veut du calme. C’est la campagne, c’est chez nous!

Pour le moment, je ne vois que des pots d’échappement qui stagnent et des accélérations rageuses à l’entrée des villages. On ne veut pas d’automobilistes et ils sont plus présents que jamais, fossilisés sur les routes étroites.

On fait mieux en termes de tranquillité. On n’ose même même plus parler ici d’écologie. Le stéréotype du frontalier profiteur et envahissant fait rage. Tout est permis et les priorités désordonnées.

Mais il y a ici un cruel manque d’imagination sur la multitude et la diversité des personnes amenées à passer la frontière. Sans compter qu’en bloquant les voitures, on met en danger cyclistes et piétons.

Il y a des Suisses, il y a des Français, il y a des automobilistes, mais il y a surtout de nombreuses personnes investies dans leur profession qui se retrouvent à jouer les équilibristes pour gérer leur rythme de vie sur deux pays en même temps.

Pères de famille, mères célibataires, professions à responsabilités, ce sont les personnes qui nous soignent, qui conduisent nos transports en commun, qui enseignent et font tourner commerces et entreprises genevoises (la liste est longue), qui doivent pouvoir se rendre à leur travail. Comment le confort des locaux pourrait-il s’arrêter à une frontière? Car le feu est bien là juste à l’entrée de la Suisse pour dire stop, vous n’êtes pas les bienvenus, vous êtes tout juste tolérés par la nécessité. On agrandit volontiers notre offre de logements jusque chez vous mais votre confort n’est pas notre problème. Partez à quatre heures du matin, et s’il le faut, faites trois heures de queue à Bardonnex!
De mon côté, j’habite Crache et je prends chaque matin avec mon fils le bus L à Soral.

Je vais travailler et lui se rend pour ses cours au collège Voltaire. L’incertitude, causée par ce feu, d’être à l’heure au travail ou à l’école a désorganisé notre vie familiale, et pour l’heure, ma sérénité.

La route est sans trottoir, sans espace cyclable et désormais surencombrée…

Noémie Frauenfelder,
enseignante à Bernex et citoyenne genevoise

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