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Faute majeure

Selon Séverin Brocher, le Conseil fédéral a commis une erreur en appliquant des sanctions contre la Russie.
Conflit

Dans le cadre du conflit en Ukraine, le Conseil fédéral n’a pas respecté la volonté de la majorité du peuple suisse exprimée en 1992 de ne pas entrer dans l’Europe pour des motifs, entre autres, de perte de neutralité et de manque de démocratie.

C’est la raison pour laquelle l’alignement automatique du Conseil fédéral sur toutes les sanctions européennes à l’égard de la Russie est déplorable et représente une faute diplomatique majeure.

En effet, la Suisse a perdu l’opportunité d’offrir ses «bons offices» et de proposer de bâtir une solution qu’elle-même incarne – ou incarnait – jusqu’à ce jour, soit un pays neutre jouant le rôle d’Etat-tampon entre des grands empires. Ce fût le cas en 1815 à la chute de Napoléon lorsque l’Angleterre favorisa la création de la neutralité suisse. Cette dernière s’est aussi incarnée pendant la Deuxième Guerre mondiale, avec la chasse suisse qui a abattu des avions allemands et contraint les bombardiers alliés à éviter de passer par l’espace aérien suisse.

Cette neutralité pouvait aujourd’hui s’incarner dans la volonté de sanctionner la Russie et l’Ukraine, pour ceux qui souhaitent une réaction aux provocations.

Pour rappel, les Américains étaient prêts à en découdre avec les Soviétiques lorsque Cuba a accepté l’installation sur son territoire de missiles nucléaires. Il est donc logique que l’armée russe réagisse à la volonté du jeune président ukrainien de voir s’installer sur son territoire des bases de l’OTAN (première puissance militaire mondiale très agressive, tout comme la puissance russe – voir les interventions en Irak, Afghanistan, ex-Yougoslavie, Syrie, etc.).

Or la Russie avait déjà, d’une certaine manière, offert un gage de paix à l’Europe en effectuant un retrait des têtes nucléaires de l’Ukraine. Ainsi le président ukrainien eut été bien plus avisé de revendiquer la neutralité et la création d’une confédération ukrainienne, sachant qu’une moitié de son territoire parle ukrainien et l’autre russe.

Au final, le Conseil fédéral s’est-il soumis à la volonté de l’Europe et de l’Amérique? A t-il perdu l’occasion de proposer une solution constructive différente de celle des «va-t-en guerre» et digne du statut de la Suisse?

Séverin Brocher, Genève

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