Médias

Pourquoi, nous, membres du personnel du Courrier, soutenons la loi sur l’aide aux médias

Pour l’aide aux médias
Le projet prévoit 151 millions supplémentaires par année dont 100 millions pris dans les caisses fédérales et 51 millions provenant de la redevance radio-tv. Ce paquet est prévu sur sept ans, ce qui fera un investissement total de 700 millions financés par les caisses fédérales. DMT
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Commençons par dire l’essentiel: cette aide est cruciale pour nous. Nous, ce sont les journalistes, polygraphes, photographes, secrétaires de rédaction et les membres de l’administration du Courrier. Nous, ce sont aussi tous les autres journaux, nos collègues qui œuvrent dans les quotidiens et hebdomadaires de la presse locale et régionale.

Alors oui, on vous l’accorde, la loi aurait pu être mieux faite. Le paquet prévu est loin d’être parfait. Les grands groupes vont aussi bénéficier de cette aide alors qu’ils ont déjà des moyens colossaux, avec lesquels, soyons honnêtes, nous ne pourrons jamais rivaliser.

Mais il y a tout de même une bonne nouvelle dans ce paquet: la loi prévoit de nous donner la priorité. A nous, les petits, les indépendants, ceux qui fabriquent leur journal avec le soutien de leurs abonné·es.

Le projet prévoit 151 millions supplémentaires par année dont 100 millions pris dans les caisses fédérales et 51 millions provenant de la redevance radio-tv. Ce paquet est prévu sur sept ans, ce qui fera un investissement total de 700 millions financés par les caisses fédérales.

Si le paquet est accepté, Le Courrier recevra un soutien financier supplémentaire pour la distribution postale. Sans cette aide, les frais d’expédition seront trop élevés pour nous et pour nos abonné·es.

Nous aurons aussi droit à un soutien financier pour le web. A l’heure où nous sommes confrontés aux défis d’une transition numérique, nous avons besoin de cet argent. Alimenter le site du Courrier demande du personnel supplémentaire et de la formation d’équipes. Une refonte de site Internet coûte cher.

Sachez que nous n’avons pas attendu pour investir. Et nous allons continuer à le faire, pour vous proposer des enquêtes, des formats longs et si possible continuer à développer des projets comme Sonar, la chaîne vidéo qui relaie les valeurs du Courrier sur Youtube et Instagram.

Ce délai de sept ans, nous en avons besoin. Et sans doute davantage. Pour réaliser notre transition numérique et stabiliser notre situation financière dans un monde de plus en plus concurrentiel. Mais aussi pour continuer à faire les bons choix et garantir un journal de qualité. Toute l’équipe se battra pour conserver un journal guidé par des valeurs humanistes.

Notre indépendance n’a jamais été et ne sera jamais remise en cause. Aucune entité politique ou économique ne nous dit quel sujet traiter. Et encore moins comment le faire. Cette aide ne changera pas notre ligne.

Chaque année les comptes du Courrier sont publiés dans le journal. Nous sommes transparents et c’est dans cet état d’esprit que nous nous permettons une telle tribune.

Notre modèle économique repose à 80 % sur les abonnements et à 20 % sur la publicité. Mais cette publicité est une publicité maîtrisée. Nous publions des annonces d’emploi. Nous développons des partenariats avec le monde culturel. Nous acceptons, lors des élections, la publication d’encarts politiques, sans discrimination, aucune.

Nous refusons toutefois de faire de publireportage ou du native advertising («publicité intégrée», ou publicité en ligne qui s’harmonise facilement avec la plateforme sur laquelle elle se trouve), pour utiliser le jargon à la mode. Quant aux grandes campagnes de l’industrie du luxe, de la mobilité individuelle ou des géants du duopole alimentaire suisse, nous ne les intéressons pas.

Nous fonctionnons chaque année à flux tendu. Les finances représentent un grand stress pour toute l’équipe. Plusieurs fois par année, le personnel du Courrier se réunit pour discuter budget, comptes, perspectives, économies. Nous savons tous et toutes que les 13e salaires pourraient sauter si le journal va mal. Cette année, nous avons renoncé à l’indexation de nos salaires sur le coût de la vie. D’ailleurs, la plupart d’entre nous sommes engagé·es à temps partiel.

Ces deux dernières années, les départs de collègues n’ont été que partiellement remplacés, faute de moyens. Celles et ceux qui nous lisent depuis longtemps savent que nous avons sacrifié notre édition du samedi par mesure d’économies.

Le travail de journaliste est dur. Il demande d’avoir le cuir épais, des nerfs en acier. Les journées sont longues et les téléphones sonnent tout du long. Combien de fois avons-nous entendu notre entourage nous dire: «Moi, je ne pourrais jamais faire ton métier.» Mais il est passionnant! Notre job consiste à penser à l’intérêt général. A défendre la démocratie. Chaque article nécessite une préparation intense. S’informer, échanger, vérifier, vulgariser, transmettre.

Notre administration, elle, est sans cesse en contact avec vous, cher lectorat!

Le Courrier vit par l’engagement de toute son équipe et de son comité.

Nous essayons tous et toutes d’améliorer votre journal au quotidien. Nous avons des projets pour le développer. Pour pouvoir les proposer, nous devons continuer à maintenir le bateau à flot.

Rendez-vous aux urnes ce 13 février. Votez, comme nous, OUI à l’aide aux médias. Nous avons besoin de vous.

Les employé·es du Courrier

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Dossier Complet

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Le peuple suisse se prononce sur le train de mesures en faveur des médias. Nos articles en décryptent les enjeux.

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